L’Université de Lorraine s’interroge sur la mixité dans ses filières

 
Publié le 13/05/2019 - Mis à jour le 4/01/2023

C’est un fait : les femmes réussissent mieux scolairement que les hommes. Un tiers d’entre elles (31 %) sortent du système éducatif avec un diplôme supérieur à bac + 2 (INSEE, 2016a). Malgré ce constat, « dès qu’il s’agit de choisir des options ou de s’engager dans une filière d’études, une séparation des sexes se met en place » (Collet 2016). Globalement, les femmes se dirigent plus vers les filières tertiaires contrairement aux hommes qui s’orientent plus souvent vers les filières scientifiques et techniques.

L’Université de Lorraine n’est pas épargnée par ce constat :

 Exemple de répartition genrée des étudiants en 2018 pour six collégiums. (Source: DAPEQ)

Les trois autres collégiums (Droit Economie Gestion, Lorraine Management Innovation et Santé) sont plus proches de la parité.

Ces données peuvent néanmoins cacher des disparités. Par exemple, un collégium avec une forte proportion de femmes peut comprendre des filières ou des diplômes présentant une répartition inverse.

D’où viennent les choix d’orientation ?

Le choix d’orientation des élèves du secondaire est sous l’influence de plusieurs éléments, dont la représentation qu’ils ont des métiers depuis leur plus tendre enfance ! Mais ces choix sont également soumis aux stéréotypes de genre, à savoir les croyances partagées par la société, à l’égard des hommes, ou bien des femmes.

Le saviez-vous ?

  • Très souvent, dans les livres pour enfants, les trois quarts des métiers sont illustrés avec des personnages masculins. Quant au quart de personnages féminins, ils représentent très peu souvent un métier associé à un statut social élevé (Epiphane, 2007)
  • Mais encore… une expérience a montré qu’un exercice de mémorisation puis de reproduction d’une figure était mieux réussi par les collégiennes quand il était présenté comme un exercice de dessin, et par les collégiens quand on évoquait un exercice de géométrie. Leurs compétences sont égales ! Cependant, les stéréotypes sont tellement ancrés dans la société que le simple fait de nommer un exercice différemment peut diminuer l’estime de soi ou augmenter le sentiment de compétence et agir sur la réussite (Huguet & Régner, 2007).

Quelles en sont les conséquences ?

Ces différences d’orientation engendrent par la suite un écart de poids économique de l’homme et de la femme. En effet, cette disparité qui commence dès le choix d’orientation des élèves de 3ème ne se limite pas à l'enseignement supérieur mais s’observe logiquement plus tard dans le monde du travail. Par exemple, on retrouve plus de femmes dans les secteurs des services et de l'administration, dans des postes à responsabilité modérée contrairement aux secteurs de l’industrie et de l'ingénierie informatique où plus d’hommes sont présents (INSEE, 2016b).

Le saviez-vous ?

  • Certaines entreprises peinent à recruter des femmes sur certains postes, car elles sont peu nombreuses à être qualifiées dans le domaine requis.
  •  En 2011, le gouvernement a instauré un quota minimum du nombre de femmes dans les conseils d’administration des entreprises (selon certains critères).

Un appel à projet pour travailler sur la question d’égalité des sexes

Le ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation a lancé un appel à projet pour travailler sur la question d’égalité des sexes dans les établissements d’enseignement supérieur et de recherche. L’Université de Lorraine y a répondu afin d’être actrice dans cette problématique de rapports sociaux de sexes et de changement social. L’objectif est d’encourager la mixité dans les filières, sujet de débats et d’actions depuis des années.

En ce second semestre de l’année universitaire, deux stagiaires ont été recrutées dans le cadre du projet MIXFIL (MIXité dans les FILières), dans le but de réaliser un état des lieux du phénomène et de proposer des pistes d’amélioration.

Basée au sein de la Délégation à l’Aide au Pilotage Et à la Qualité (DAPEQ), Tabara Thioub, étudiante en Master 2 Economie Appliquée, est chargée de produire une cartographie genrée des filières de formation de l’Université de Lorraine. Ce travail permettra de mettre en évidence les filières les plus inégalitaires en termes de répartition hommes-femmes. En complément de cette approche quantitative s’ajoute une étude qualitative alliant littérature, rencontres avec différents acteurs (représentants de formation, étudiants, associations…) et benchmark des Universités françaises. Cet aspect du projet est réalisé par Khesi Touna, étudiante de Master 2 en Psychologie du travail et des organisations, actuellement en stage au sein du Service d’Orientation et d’Insertion Professionnelle (SOIP). La finalité de cette collaboration sera la production de préconisations à destination de la communauté universitaire (responsables de formation, de composantes et des directions associées) et de ses parties prenantes (Rectorat, collèges et lycées, associations, …) dans l’objectif d’une plus grande mixité au sein de nos formations.

Le saviez-vous ?

L’Université de Lorraine mène régulièrement des actions permettant d’encourager l’ambition féminine. Par exemple, la Journée Emilie du Châtelet qui a eu lieu à Polytech Nancy en avril dernier a permis à 300 lycéen.ne.s de bénéficier de l’expérience de femmes mobilisées : une chirurgienne, une pilote de chasse, une contrôleuse aérienne, des ingénieures et d’autres professionnelles qui avaient répondu positivement à l’appel de l’association Elles Bougent.

Vous êtes étudiant.e, doctorant.e, enseignant.e ou représentant.e d’une formation masculinisée/ féminisée) ? Nous avons besoin de vos témoignages et idées ! Contactez : khesitouna@gmail.com et tabarathioub@hotmail.com

Pour aller plus loin...

Collet, I. (2016). Former les enseignant-e-s à une pédagogie de l'égalité. Le français aujourd'hui, 193(2), 111-126.

Epiphane, D. (2007). My tailor is a man... La représentation des métiers dans les livres pour enfants. Travail, genre et sociétés, nº 18(2), 65-85.

Huguet, P., & Régner, I. (2007). Stereotype threat among schoolgirls in quasi-ordinary classroom circumstances. Journal of Educational Psychology, 99(3), 545-560.

INSEE. (2016a). France, portrait social. Edition 2016. INSEE REFERENCES. Paru le : 22/11/2016.

INSEE. (2016b). Tableaux de l’économie française. Edition 2016. INSEE REFERENCES. Paru le : 01/03/2016.

Soumis par un étudiant