Les Moocs : entre révolution pédagogique et enjeux institutionnels ?

 
Publié le 15/04/2014 - Mis à jour le 17/04/2014

La « MOOCmania » déferle sur la France titrait récemment le monde.fr au sujet du phénomène Mooc dans l’enseignement supérieur français. Depuis son lancement en Octobre 2013, la plateforme FUN (France Université Numérique) enregistrait en effet 226000 personnes inscrites à l’un des 30 cours disponibles.

Ces cours en ligne suscitent un réel engouement. Est-ce un phénomène de mode ou la révolution pédagogique annoncée ? C’est l’une des thématiques à laquelle le colloque TICEMED 9 s’attache les 15 et 16 avril en mettant le focus en 2014 sur un enchevêtrement de phénomènes liés à l’usage des technologies numériques dans l’éducation.

Un phénomène nouveau ?

Luc Massou, enseignant chercheur au Centre de recherche sur les médiations (CREM) est co-organisateur du colloque. Il voit dans ce phénomène davantage une tendance récente des institutions à inciter les acteurs de l’enseignement supérieur à produire ce type de cours qu’une réelle révolution pédagogique. En effet, cette pédagogie s’inscrit dans la continuité des Formations ouvertes et à distance (FOAD) existant depuis les années 90 et permises grâce aux progrès de l’informatique et à l’avènement de l’internet.

Ce qui est récent, ce sont les recherches autour de ces modalités d’enseignement : quels usages ? Que contiennent ces cours ? Sur quels modèles pédagogiques  reposent-ils ?  Les travaux portent notamment sur le rôle de l’enseignant qui, désormais au cœur d’un réseau d’apprenants, orchestre l’équilibre et les échanges entre chaque nœud de ce réseau.

Le « jeu » ou l’apprentissage par le ludique

Un autre nouvel objet de recherche, les environnements d’apprentissage personnalisés, se propose de cartographier tous les outils mobilisés par les apprenants (réseaux sociaux, sites Internet, forums, médias…). La dimension ludique est ainsi largement invoquée. En revanche, tout éducateur qui utilise ces technologies sait que la génération actuelle des étudiants se les approprie, les étend dans son univers relationnel personnel et les détourne à la fois. Le jeu n’est  plus uniquement dedans ; il est aussi dehors et à la frontière de ces dispositifs. Mais ces espaces frontières sont encore peu connus des chercheurs. L’objectif est alors d’identifier la manière dont ces éléments s’imbriquent entre eux lors de l’apprentissage.

Un intérêt récent des institutions

La plateforme FUN propose des MOOC de l’Institut Mines-Telecom, de l’Ecole Polytechique ou encore du Groupe INSA. Quels enjeux pour ces institutions ? C’est également un thème abordé par le colloque TICEMED 9 dans ce qu’il nomme le « hors-jeux ». Au-delà de la portée pédagogique, ces institutions peuvent y voir un véritable outil de recrutement et de valorisation de leurs compétences, explique Luc Massou. En effet, une institution va proposer un cours en ligne sur une thématique pour laquelle elle excelle, et asseoir ainsi sa position vis-à-vis d’un domaine spécifique d’enseignement et/ou de recherche. Par ailleurs, ces établissements peuvent à travers ces cours voir un formidable outil de recrutement pour identifier les meilleurs étudiants en France et à l’international… et les conquérir.

TICEMED 9 est un colloque organisé par le laboratoire I3M à Toulon le 15 et 16 avril 2014, en partenariat avec le laboratoire CREM. Il rassemble principalement des chercheurs inscrits en Sciences de l’Information et de la communication et en Sciences de l’Éducation. En savoir plus sur le colloque.