[Portrait Science Ouverte #7] Sophie Legeai et Brigitte Vigolo, ambassadrices Science Ouverte à l’Institut Jean Lamour

 
Publié le 5/05/2025

Les équipes d’accompagnement à la Science Ouverte (Publications Ouvertes, Données de la recherche et Codes et Logiciels) vous proposent de découvrir en 2024/2025 les portraits de chercheurs et chercheuses du site universitaire lorrain engagé·es en faveur de la Science Ouverte. Pour ce septième épisode, nous sommes partis à la rencontre de Sophie Legeai (maître de conférences) et Brigitte Vigolo (chercheuse), ambassadrices Science Ouverte à l’Institut Jean Lamour.

 

1. Vous faites partie du réseau des ambassadeurs et ambassadrices Science Ouverte de l’Université de Lorraine. Que vous apporte ce réseau ?

SL : Lorsque Laetitia Bracco m'a proposé de faire partie du réseau, qui était initialement dédié aux Données de la Recherche, mon expérience de la Science Ouverte se limitait à la rédaction d'un plan de gestion des données (PGD) dans le cadre d'un projet financé par l'ANR, et au dépôt de mes publications dans HAL. La Science Ouverte faisait alors partie pour moi des "contraintes" imposées par les organismes de financement de la recherche. Le réseau des ambassadeurs et ambassadrices m'a fait prendre conscience de l'importance de la Science Ouverte dans la philosophie de la recherche scientifique du XXIème siècle ainsi que des opportunités et des avantages qu'elle apporte aux chercheurs, mais également de la difficulté à faire évoluer les mentalités dans notre communauté au travers des échanges au sein du groupe et des retours d'expérience de chacun(e). Depuis sa création, le réseau est une structure d'échange dynamique, avec une mise en commun des outils et pratiques dans le domaine de la Science Ouverte permettant à chacun de progresser, et qui par ailleurs est force de proposition pour la mise en place de la Science Ouverte à l'UL et la sensibilisation des chercheurs.

BV : Le réseau de ambassadeurs et ambassadrices Science Ouverte m’a offert l’opportunité de pouvoir échanger sur les aspects de science ouverte de façon générale, partage des données et publications, avec des collègues de l’Université de Lorraine qui travaillent sur des disciplines très différentes de la mienne. Ces échanges m’ont permis de découvrir d’autres façons de travailler et notamment sur la production et la diffusion de la connaissance. Cela a enrichi ma réflexion sur mes propres pratiques et m’a permis de me sentir moins isolée sur ces questions nouvelles et finalement assez complexes.

 

2. Vous avez partagé plusieurs jeux de données de recherche dans DOREL, l’espace de l’Université de Lorraine dans l’entrepôt national Recherche Data Gouv. Que cela vous a-t-il apporté ?

SL : L'accès aux données brutes d'un travail expérimental via un entrepôt de données est une avancée majeure dans les pratiques du monde de la recherche. Il permet de retravailler des données avec une autre approche que celle de l'auteur, de confronter rigoureusement ses propres données à celles déposées, de valider son travail expérimental avec les travaux de ses pairs.

Outre ce partage avec la communauté scientifique, la mise à disposition de jeux de données via un entrepôt oblige à trier, "nettoyer" et documenter ses données de recherche afin de les rendre réutilisables par la communauté scientifique. Ce travail peut paraître fastidieux sur le moment, mais il est très précieux lorsqu'il s'agit de prendre la suite du travail d'un étudiant ou d'un chercheur qui est parti vers d'autres horizons. Qui n'a pas par le passé pesté contre le manque d'informations concernant certains résultats expérimentaux, ayant pour conséquence l'impossibilité de valoriser certaines études ou obligeant à reproduire certaines expériences ? Le partage des jeux de données représente ainsi un gain de temps à moyen terme pour le chercheur qui dépose ses données.

BV : Même si cela peut paraitre étrange, ce n’est pas ni le dépôt de mes données en lui-même, ni leur publication qui est la finalité de ce processus, qui m’a le plus marquée. De même, la préparation technique de mes données pour leur dépôt : structuration, hiérarchisation, modification de format des fichiers etc.. m’a certes demandé beaucoup de travail, ce que j’avais sans doute sous-estimé, mais c’est surtout la réflexion qui a accompagné ce processus qui a été la plus enrichissante. J’ai en effet pris conscience de la valeur intrinsèque des données et même de chaque donnée que je produisais. Il ne s’agit pas seulement de l’importance des données pour une recherche plus transparente et plus fiable etc… comme on peut souvent le lire. C’est peut-être un peu philosophique dans la bouche d’une chercheuse en science des matériaux mais cette prise de conscience a véritablement modifié, de façon positive, mon travail au quotidien au laboratoire, qui a pris un peu plus de sens et d’épaisseur; et cela par un retour, je devrais dire presque introspectif, sur un aspect finalement assez « primaire » de mon métier : la donnée.

 

3. En bref, que représente la science ouverte pour vous ?

SL : La science ouverte représente une formidable opportunité de partager sa recherche avec le plus grand nombre sans avoir à payer pour valoriser ses travaux, et d'avoir accès à l'information scientifique facilement et gratuitement. Le partage des données via un entrepôt permet une valorisation optimale des résultats de la recherche. En effet, toutes les données ne donnent pas forcément lieu à une publication scientifique sous forme d'article, et le dépôt de jeux de données permet de valoriser les données non publiées, ceux-ci se voyant attribuer un DOI au même titre qu'un article scientifique. L'ouverture des données peut potentiellement représenter un gain de temps et d'efficacité considérable pour le monde de la recherche, à condition d'être rigoureusement encadrée et organisée.

BV : Pour moi, la science ouverte et ce qu’elle implique permet de se poser des questions simples comme des questions compliquées sur la recherche et le métier de chercheur en général et, c’est en cela que je la trouve fondamentalement intéressante et enrichissante.