Cécile Langlet, enseignante-chercheuse au Laboratoire Lorrain de Psychologie et Neurosciences de la dynamique des comportements (2LPN) a accepté de participer à la 15ème édition d’un échange entre chercheurs et journalistes, initiée par l’AJSPI avec le soutien du MESR. Retour d’expérience de notre chercheuse à la rédaction du Figaro.
Factuel : Qu’est-ce qui vous a motivé à participer à cet échange entre chercheurs et journalistes, et qu’en avez-vous retenu pour vos propres recherches ?
Après mes études en Biologie, j’ai envisagé de me tourner vers une carrière de journaliste scientifique. J’ai toujours apprécié lire des magazines scientifiques, car leur approche de vulgarisation permet de rendre compréhensibles des mécanismes complexes et de rester informé des dernières avancées scientifiques. Par ailleurs, il est de plus en plus demandé aux chercheurs de savoir vulgariser leurs connaissances, de participer à la médiation scientifique et de disposer d’une culture générale suffisante pour l'intégrer dans nos enseignements, ce qui peut parfois être difficile lorsqu'on est plus habitué à échanger avec ses pairs. J’ai rejoint l’équipe du Figaro Santé, qui couvre des sujets variés allant de l’écologie aux neurosciences. Après avoir découvert leur mode de fonctionnement, le responsable m’a donné l’opportunité d’écrire un article sur l'impact des confinements sur le cerveau des adolescents. Cet exercice, très différent de notre façon de rédiger habituelle, m’a confronté à quelque chose de beaucoup plus complexe et éloigné de ce qui est utilisé dans les articles scientifiques.
Cet échange m’a permis de prendre conscience de l’importance de la vulgarisation scientifique et de la manière dont elle peut enrichir nos recherches. En tant que chercheur, on a souvent tendance à se concentrer sur des aspects très spécifiques et techniques, mais l’exercice de rendre ces connaissances accessibles au grand public nous oblige à revoir nos idées sous un autre angle
Factuel : Qu’avez-vous découvert sur le traitement et la diffusion des informations scientifiques ainsi que sur le quotidien des journalistes scientifiques lors de votre immersion au sein d’une rédaction ?
Cette expérience m’a permis de découvrir un environnement dynamique, constamment influencé par l’actualité scientifique, où la réactivité est essentielle pour être parmi les premiers à diffuser une information. Ce qui m’a particulièrement surpris, c’est le grand nombre d’alertes que reçoivent les journalistes. J’ai pu observer qu’une fois qu’un article les intéresse, ils contactent rapidement des experts pour discuter des résultats de la recherche et les rendre compréhensibles pour le grand public. J’ai eu l’opportunité de suivre le responsable de la section Santé lors des comités de rédaction qui rythment sa journée, d’assister à une conférence de presse ainsi qu’à une interview d’une ancienne astronaute, de le suivre dans le cadre d’une émission de la chaîne Figaro, et enfin, de découvrir le processus de sélection des actualités les plus pertinentes au milieu d’un flot continu d’informations.
Factuel : Comment pensez-vous que les chercheurs et les journalistes peuvent mieux collaborer pour rendre la science plus accessible au grand public ?
Les chercheurs et les journalistes pourraient travailler ensemble de manière plus régulière, en créant des partenariats à long terme. Ces collaborations faciliteraient la compréhension mutuelle des besoins et des contraintes de chaque partie. Nous pourrions également dans la mesure du possible, organiser des ateliers ou des sessions de formation où les chercheurs et les journalistes pourraient échanger leurs compétences spécifiques. Les chercheurs pourraient apprendre à simplifier et à vulgariser leurs travaux sans dénaturer les résultats, tandis que les journalistes pourraient mieux comprendre les méthodologies et les enjeux scientifiques pour éviter les simplifications excessives ou les erreurs. Et enfin, une des choses les plus importantes à mon sens serait d’encourager l’accès direct aux chercheurs par l’intermédiaire de forums, ou des réseaux (type linkedin) ce qui faciliterait la diffusion de l’information. Cela permettrait aussi aux chercheurs de mieux comprendre les questions et préoccupations du public, et de sortir de nos laboratoires.