2024 marque la quatrième édition du prix littéraire "Frontières". Nous vous présentons les nouveaux membres du jury sur Factuel. Cette semaine, faisons connaissance avec Hervé Boggio qui vient d'intégrer le jury.
Factuel : Qu'est-ce qui vous a poussé à rejoindre le jury du prix littéraire " Frontières " de l'Université de Lorraine ?
Une invitation ! À la faveur d’un échange avec Carole Bisenius-Penin l’automne dernier, nous avons évoqué l’actualité du prix et elle a adroitement "sondé" mon envie de rejoindre le jury. J’ai accepté très vite pour deux raisons simples : la première est que je suis un lecteur, pas du tout un spécialiste de littérature comme d’autres membres de ce jury, à commencer par Mme Bisenius, mais un lecteur. À ce titre, la curiosité, l’envie de découvrir de nouveaux textes, de nouveaux auteurs constitue un moteur puissant et participer à une aventure comme celle-là, c’est l’assurance de belles découvertes. J’ai donc sauté sur l’occasion… L’autre motivation, c’est de contribuer dans la mesure de mes possibilités à faire vivre l’une des initiatives remarquables de l’Université de Lorraine que constitue ce prix "Frontières".
Factuel : La thématique de la frontière a-t-elle une signification particulière dans votre vie quotidienne et quel intérêt de participer à un jury transfrontalier ?
Je vis, nous vivons, dans une région, le Grand Est, qui est la première région frontalière française – plus de 750km de frontières communes avec les pays européens voisins. Au-delà de cette réalité géographique, les nord lorrains en particulier vivent la frontière au quotidien. Et comme journaliste en région, c’est une préoccupation quasi-permanente tant les implications économiques, sociales, culturelles, etc., de cette situation sont énormes. Ajoutez à cela les dimensions historique et mémorielle et vous avez votre réponse ! De plus, la frontière est, par définition, cette zone de contact qui rassemble et sépare à la fois, les territoires et les gens… À travers la littérature, j’aime à croire que nous pouvons nous concentrer sur ce qui rassemble ou devrait rassembler. Ça m’intéresse beaucoup.
Factuel : Par ailleurs, pensez-vous que cette expérience en tant que membre du jury pourrait influencer votre relation avec la littérature ou la lecture ?
Clairement ! Il y a une attente, légitime, à l’endroit des membres du jury, qui nous oblige tous. En ce qui me concerne, je vais m’efforcer d’expliciter mon expérience, forcément subjective, de lecteur. Ce qui n’est pas nécessairement pour moi un exercice simple, ni même naturel. Mais c’est indispensable pour défendre un point de vue sur les œuvres. Bref, c’est du boulot ! Mais c’est surtout du plaisir.
Factuel : Si vous ne devez qu'en citer trois, quelles seraient les émotions que vous aimeriez ressentir à travers cette sélection ?
Celle que je suis certain de ressentir, c’est la joie : parce qu’il en est (presque) toujours ainsi quand je lis. C’est d’ailleurs important, parce que c’est un moteur non pas tellement pour la lecture elle-même, encore que, mais c’est un moteur de vie. Ça permet de s’extraire du présent, de se recharger personnellement. C’est, en soi, réjouissant ! Ensuite, je recherche systématiquement dans mes lectures une forme d’emballement : cet instant où vous savez que vous n’allez plus pouvoir lâcher l’ouvrage. Cela n’arrive pas à chaque lecture, mais quand ça arrive, c’est tellement grisant. Enfin, et c’est lié à cet emballement que j’évoquais à l’instant, je suis également à la recherche de ce petit vertige, presque cette pointe de nostalgie qui vous saisit immédiatement quand vous arrivez au point final et que la dernière page est tournée. C’est une jolie sensation.
Factuel : Quel livre a marqué votre vie ?
Arf ! Il y en a eu cent peut-être... mais si je ne devais en citer qu’un seul, sans grande originalité, je dirais que c’est le Voyage. Lu il y a fort longtemps, pendant mes études, ça a été une expérience assez inouïe. Que je n’ai vécu avec aucune autre œuvre de Céline, ni même à la relecture du reste. C’était un instant de mon existence où il était écrit que j’allais être fauché. Mais peut-être que c’est aussi cela la littérature : un moment où le texte vous percute et vous marque comme il ne l’aurait peut-être pas fait, ou du moins comme il l’aurait fait de manière différente, un an avant ou un an après.
Rendez-vous le samedi 20 avril 2024 au Festival "Le Livre à Metz - Littérature et Journalisme" pour la remise du prix au lauréat ou à la lauréate !
Plus d'infos sur la page web du Prix Frontières