L’Université de Lorraine a décidé de ne pas prolonger en 2024 son abonnement au bouquet de revues de la maison d’édition scientifique Wiley qui arrive à échéance à la fin de l’année.
Ce choix a fait l’objet d’un travail d’instruction avec les communautés scientifiques de l’université pendant toute l’année 2022-2023. La proposition a été soumise aux directeurs des pôles scientifiques qui en ont validé le principe lors de leur réunion du 14 juin 2023, après une période de consultation au sein de leurs pôles. La décision a finalement été confirmée le 27 juin par un vote favorable du Conseil Scientifique de l’établissement.
Les éléments qui ont motivé le choix de ce désabonnement sont de trois ordres : stratégique, financier et pratique.
Sur le plan stratégique et politique tout d’abord, l’Université de Lorraine a entamé depuis 2017 une révision de ses relations avec certaines grandes maisons d’édition scientifique commerciales dont les pratiques tarifaires et les logiques oligopolistiques sont de plus en plus éloignées des valeurs de l’université. Cette remise en question est partagée par de nombreuses institutions de recherche de premier plan : citons le MIT aux États-Unis et le CNRS en France.
Comme l’indique Nicolas Fressengeas, vice-président en charge du numérique, des données et de la science ouverte : « L’Université de Lorraine a fait le choix depuis plusieurs années de promouvoir et soutenir l’ouverture de la science, dans la lignée des politiques publiques nationale, européenne, et au-delà. Elle est notamment soutenue dans cette transition par le Fonds National pour la Science Ouverte. Elle doit aujourd’hui confirmer ce choix en le pérennisant par la réaffectation des budgets alloués à un modèle par abonnement, qu’elle juge dépassé, vers le financement d’une science plus ouverte, en développant encore l’appui aux chercheurs dans cette transition et en amplifiant son soutien au modèle diamant d’édition en accès ouvert. »
Sur le plan financier ensuite, l’abonnement de l’Université de Lorraine au bouquet de revues Wiley représente en 2023 la dépense la plus importante de l’ensemble des ressources électroniques, avec un montant de 218 000 € TTC. Lorsque l’on rapporte ce montant à l’usage mesuré par le nombre de téléchargements, le ratio se situe à 4,29 € par téléchargement en 2022, ce qui est particulièrement défavorable en comparaison d’autres bouquets de revues (à titre d’exemple ce ratio était de 0,70 € pour les revues Taylor & Francis).
Enfin, sur le plan pratique, l’impact en termes d’accès sera relativement limité. En effet, à un horizon de 5 ans (de 2024 à 2028), il est estimé que 80% des articles des revues Wiley pourront être consultés en ligne par les membres de l’Université de Lorraine de manière légale et sans impliquer de démarche particulière supplémentaire. Ce pourcentage est issu d’une analyse menée avec l’outil Unsub qui prend en compte les usages observés à l’Université de Lorraine et le fait que nous conserverons contractuellement un accès à tous les articles des années souscrites ainsi qu’aux archives.
Néanmoins, la recherche ne pouvant se faire sans accès à l’ensemble de la littérature scientifique, nous reviendrons dans un prochain article sur les accès qui seront maintenus, comment ils seront encore facilités, ainsi que sur l’accompagnement proposé pour accompagner ces changements.
A venir :
- [Série Wiley 2/3] Comment consulter les articles publiés dans des revues Wiley à partir de 2024 ?
- [Série Wiley 3/3] Une réutilisation des crédits afin de renforcer l’accompagnement au plus près des chercheurs pour tous les aspects liés à l’ouverture de leur recherche