Factuel est allé à la rencontre de Nicolas Hubé, nouveau directeur du Centre Interdisciplinaire d’études et de Recherches sur l’Allemagne (CIERA).
Factuel : Quel est votre parcours ?
NH : J'ai un parcours qui a toujours porté le regard sur une sociologie comparée du journalisme et de la communication politiques. Pendant mes études à Sciences Po Strasbourg, j'ai pu effectuer un an d'Erasmus à Bochum (Allemagne), où je me suis familiarisé avec les sciences sociales allemandes. Après mon DEA portant sur les transformations marketing du journalisme en France, j'ai voulu élargir la perspective par la comparaison. Je me suis donc engagé sur une cotutelle entre Strasbourg et Berlin. Après ma soutenance d ethèse en 2005, j'ai été recruté comme post-doc sur un projet ANR franco-allemand sur les conceptions ordinaires de l'Europe à l'Université Paris 1 PAnthéon-Sorbonne. J'ai pu y être recruté comme maitre de conférences en 2007, poste j'ai occupé jusqu'en 2019, date à laquelle j'ai été nommé professeur des universités en sciences de l'Information et de la communication à l'Université de Lorraine, à l'INSPE de Lorraine pour les enseignements et au CREM (Centre de Recherche sur les Médiations) pour la recherche.
Pendant toutes ces années, j'ai participé à l'animation de la recherche sur le franco-allemand: j'ai été membre du comité de pilotage du CIERA depuis 2010 après avoir été dans le premier comité éditorial de la revue des jeunes chercheurs Trajectoires; de 2013 à 2015, j'ai été en délégation à la Europa Universität Viadrina (Francfort/Oder) et au Centre Marc Bloch (Berlin) pour installer une coopération entre Paris 1 et ces deux centres, tout en y faisant un service d'enseignement (en allemand) sur les pensées françaises contemporaines, et plus spécifiquement les sciences sociales du politique et du journalisme. J'ai également dirigé le master en communication politique de Paris 1 et anime actuellement l'équipe Praximedia du CREM. Mon HDR portait sur les relations presses-politiques en Allemagne dans un perspective historique, dont j'ai tiré un ouvrage paru en 2022 : La Politique des Chemins Courts. Un Siècle de Relations en journalistes et communicants gouvernementaux en Allemagne (1918-2018).
Factuel : Pouvez-vous présenter le CIERA en quelques mots ?
NH : Le Centre Interdisciplinaire d’études et de Recherches sur l’Allemagne est une communauté de recherche interdisciplinaire, franco-allemande et internationale. Il rassemble douze établissements français d’enseignement supérieur et de recherche (dont l’Université de Lorraine qui en est membre depuis 2018) au sein d’un groupement d’intérêt public (GIP). Le Centre favorise et soutient la coopération scientifique entre la France et l’Allemagne. Basé à Paris, ses activités se déploient en France (principalement dans la région Île-de-France, Grand Est et Rhône-Alpes), en Allemagne et au-delà. Le CIERA bénéficie du soutien de l’Office allemand d'échanges universitaires (DAAD) et du Ministère de l’Enseignement supérieur de la Recherche et de l'Innovation (MESRI).
Le CIERA s’adresse à tous et toutes les jeunes chercheur·e·s (dès le master) et les chercheur·e·s confirmé·e·s qui travaillent sur mais aussi avec l’Allemagne ou plus largement en lien avec l’aire germanophone en sciences humaines et sociales. Ce n’est donc pas un centre pour germanistes, bien au contraire. Le CIERA propose un ensemble d’actions et d’activités innovantes au service de la recherche franco-allemande : un répertoire interactif pour rendre visible son travail de recherche ; une offre de formation pour aider les étudiant·e·s et doctorant·e·s à franchir les étapes clé de leur parcours, du master à l’après-thèse ; des opportunités souples de financements pour mettre en place une rencontre de jeunes chercheur.e.s ou une coopération scientifique entre la France et l’Allemagne ; des aides à la mobilité vers l’Allemagne et autres pays germanophones pour effectuer un séjour de recherche ou un stage de master (quels que soient les disciplines) ; des instruments de valorisation au service de la circulation des savoirs. C’est donc un centre pour lequel j’invite toute la communauté académique en SHS de l’Université de Lorraine à s’emparer pour mener des coopérations avec les collègues allemands.
Factuel : Sur quelles thématiques portent vos recherches au sein de l'Université de Lorraine ?
NH : Mes travaux portent tout à la fois sur la comparaison internationale des rôles journalistiques (en savoir plus), les enjeux communicationnels du populisme (je viens d'achever un projet Horizon2020 sur le sujet), les politiques communicationnelles de l'Union européenne ainsi que les questions d'éducation à l'information et aux médias. J'essaie autant que faire se peut de poursuivre une dynamique de comparaison des pratiques afin de saisir au mieux ce qui relèverait des spécificités nationales.