[Publication Nature] Des avancées sur le syndrome de Richter, un lymphome particulièrement agressif

 
Publié le 14/02/2023 - Mis à jour le 15/02/2023
Le syndrome de Richter constitue l’une des formes les plus graves de lymphome, avec une survie médiane des patients inférieure à 12 mois, en raison de sa forte agressivité et d’un profil étendu de chimiorésistance. Les premiers résultats de travaux de chercheurs issus du CHRU de Nancy, ainsi que de l’unité de recherche N-GERE, Nutrition-Génétique et Exposition aux Risques Environnementaux (Inserm – Université de Lorraine) ont été publiés dans Nature Communications. Ils caractérisent de manière la plus précise possible les mécanismes de la maladie, en l’abordant sous plusieurs aspects : mutations de l’ADN, méthylation de l’ADN et profils d’expression génique.
 

Syndrome de Richter : quand le lymphome évolue vers une forme grave

Les lymphomes regroupent l’ensemble des transformations cancéreuses des lymphocytes ; ils représentent aujourd’hui la 6ème cause de cancer en France en termes d’incidence. Le plus souvent ils se manifestent par l’apparition de ganglions pathologiques (de taille augmentée), infiltrés par des lymphocytes anormaux. Les Prs Julien Broséus et Pierre Feugier ainsi que Sébastien Hergalant travaillent plus spécifiquement sur le syndrome de Richter, qui constitue la transformation d’une leucémie lymphoïde chronique en un lymphome B‐diffus à grandes cellules. C’est la forme la plus grave d’évolution d’un lymphome à petites cellules en un lymphome agressif à grandes cellules avec une survie médiane des patients inférieure à 12 mois, en raison de sa forte agressivité et d’un profil étendu de chimiorésistance. Les analyses cytogénétiques et moléculaires de l’ADN ont permis de dresser avec précision le profil génétique du syndrome de Richter. Celui‐ci regroupe les anomalies parmi les plus graves décrites dans les lymphomes agressifs. En revanche, peu d’études ont exploré les aspects épigénétiques (mécanismes de régulation des programmes cellulaires) et leur dérèglement dans le syndrome de Richter.
 

Une étude internationale pour mieux cerner les mécanismes de la maladie 

Depuis 2018, les chercheurs du CHRU travaillent avec la clinique universitaire d’ULM (Bade‐Wurtemberg, Allemagne), et le Dana Farber Cancer Institute (Boston, États‐Unis), donnant ainsi à cette étude une dimension internationale. Cette coopération internationale s’est concrétisée récemment par un autre article sur le syndrome de Richter, publié dans le journal Nature Medicine. 

Cette étude a pour finalité de caractériser de manière la plus précise possible les mécanismes de la maladie, en l’abordant sous plusieurs aspects : mutations de l’ADN, méthylation de l’ADN, profils d’expression génique et protéique. Les travaux publiés dans Nature Communications exposent les premiers résultats sur la méthylation de l’ADN et les profils d’expression des gènes. Ils permettent notamment :

‐ de retracer la trajectoire de l’évolution tumorale et d’anticiper le profil de chimiorésistance,
‐ de construire des scores statistiques identifiant spécifiquement les profils de pronostic sombre au sein du vaste panorama des lymphomes agressifs,
‐ de reconstruire par la bio‐informatique les réseaux de dérégulations épigénétiques pour désigner les
principaux déterminants de la maladie, potentielles cibles thérapeutiques.
 

Vers de nouveaux moyens thérapeutiques pour soigner ce syndrome ?

En 2023, le traitement du syndrome de Richter repose toujours sur des polychimiothérapies, le plus souvent peu efficaces. De nouveaux moyens thérapeutiques sont indispensables, notamment des immunothérapies ou des traitements ciblant plus spécifiquement des récepteurs ou des voies de signalisation intracellulaire impliquées dans le développement de la maladie.
Les travaux publiés permettent d’identifier les lymphomes agressifs présentant un profil moléculaire similaire à celui du syndrome de Richter, de caractériser les mécanismes biologiques du développement de la maladie et ainsi de proposer des thérapies ciblées adaptées si elles existent, et d’orienter les recherches vers de nouveaux traitements.

De gauche à droite : Pierre Feugier, Julien Broséus et Sébastien Hergalant