2023 marque la troisième édition du prix littéraire "Frontières - Léonora Miano". Nous vous présentons les nouveaux membres du jury sur Factuel. Cette semaine, faisons connaissance avec Audrey Becker et Guillaume Barthelemy qui viennent d'intégrer le jury.
Factuel : Pourquoi avoir accepté de participer à cette troisième édition du Prix littéraire Frontières - Léonora Miano ?
Audrey Becker : Dans le cadre d’un de mes cours à Sarrebruck qui portait sur les nouveautés littéraires, j’ai eu la grande chance de rencontrer Sharon Dodua Otoo, après avoir lu et analysé en classe son nouveau Roman Ada’s Raum. J’ai été ravie lorsque ma Professeur Romana Weiershausen m’a proposée de participer à un jury littéraire. Je suis en effet une grande passionnée de lecture et j’adore échanger sur des œuvres littéraires.
Guillaume Barthelemy : J’ai décidé de participer à ce prix car la thématique me parle particulièrement. Ayant étudié l’histoire, la géographie et plus récemment les rapports sociaux, j’avais envie de découvrir la manière dont le concept peut être traité en littérature. Les romans proposés ont très souvent une part autobiographique et révèlent des contrées inconnues, c’est donc avec curiosité et plaisir que je souhaite voyager et rencontrer des personnages pour qui la frontière est un élément central… alors que nous l’avons oubliée.
Factuel : Qu'évoque pour vous la thématique de la frontière dans votre quotidien ?
Audrey Becker : Je suis étudiante dans un Master trinational entre le Luxembourg, l’Allemagne et la France. Ma vie s’organise beaucoup entre ces trois pays.
Guillaume Barthelemy : Dans mon quotidien, malgré notre position géographique, la frontière a une connotation quelque peu désuète, obsolète. Je suis un enfant du pays des Trois frontières, je travaille à Luxembourg et suis résident messin, je circule comme bon me semble, j’échange et interagis avec qui je souhaite, très simplement et très librement. Je me revendique très clairement comme citoyen européen, la frontière existe pourtant toujours, elle est simplement moins visible et non restrictive.
On pourrait dire que la frontière a une définition qui n’est pas uniquement limitative, elle délimite sans forcément être bloquante, pour nous, lorrain, en ce début de XXIe siècle.
Toutefois, la construction de l’Europe et la mondialisation n’ont pas aplani les frontières partout : certaines restent fermement encrées et isolent quand d’autres se dressent à nouveau.
Cette interprétation n’est pas uniquement géographique, elle peut aussi s’appliquer à la barrière de la langue, de la topographie, des cultures, des générations. Par chance, je crois n’en vivre aucune au quotidien.
Factuel : Quel est le livre qui a marqué votre vie ?
Audrey Becker : Le premier livre qui m’a fortement marqué est Le Parfum de Patrick Süskind, que j’ai lu très jeune. Etant très sensible aux odeurs, je me suis retrouvée dans l’imaginaire d’un personnage qui semblait comprendre un élément de ma pensée, que je n’avais pas encore élaboré.
Guillaume Barthelemy : Il s’agit de Voyage au bout de la nuit, de Céline. Chaque page mérite d’être lue à voix haute. Ce chef d’œuvre peut être ouvert au hasard ; chaque page regorge de citations incroyables, criantes de vérité sur la nature humaine.
On a tellement ostracisé Céline que j’ai attendu très longtemps, trop longtemps avant de le lire. Il ne mâche pas ses mots, il se les approprie et joue avec chacun d’entre eux jusqu’à en extraire l’essence même.
Outre la qualité exceptionnelle de la prose, Céline arrive à démontrer de manière très subtile et très claire les mécanismes conduisant à la haine avec une lucidité impitoyable et une provocation parfois rude. Mais n’y aurait-il pas une part de vérité ?
Rendez-vous le samedi 15 avril 2023 au Festival "Le Livre à Metz -Littérature et Journalisme" pour la remise du prix au lauréat ou à la lauréate !