En novembre dernier, les étudiants de M2 Veille stratégique et Organisation des connaissances (VSOC) ont suivi un séminaire présenté par Laetitia Bracco, conservatrice des bibliothèques à la Mission Appui Recherche de l’université de Lorraine. Son intervention a permis aux étudiants de renforcer leurs connaissances sur les enjeux de la donnée et d’en comprendre l’intérêt en science de l’information et de la communication.
La Science Ouverte (SO) correspond à une nouvelle forme de pratique de la science : elle est collaborative, interdisciplinaire et participative. Elle permet de démocratiser l'accès aux savoirs en rendant les données accessibles, interopérables et réutilisables, permettant ainsi de renforcer l'efficacité de la recherche : "portée par les progrès sans précédent de notre monde numérique, la transition vers la science ouverte permet aux informations, aux données et aux résultats scientifiques d’être plus largement accessibles (accès ouvert), d’être exploités de manière plus fiable (données ouvertes), avec la participation active de toutes les parties prenantes concernées (ouverture vers la société).” (Thiault, 2022)[1]
La science ouverte a donc une fonction cruciale pour les chercheurs et futurs chercheurs, mais également pour les lecteurs et toutes les personnes qui désirent tirer profit de la richesse des travaux produits chaque année.
Pour Joachim Schöpfel et Renaud Fabre (2020) : “La science ouverte est devenue une priorité de premier rang de la politique de recherche de l’État français. Parmi les axes de cette politique, se trouve l’ouverture des données de recherche et des publications scientifiques.”[2]
Cet aspect est particulièrement intéressant pour les étudiants du master VSOC qui sont entre autres, formés à gérer l’information, de sa collecte à sa diffusion, et à la transformer en information stratégique.
L’Université de Lorraine fait partie des premières universités s’étant investie dans le mouvement de la Science Ouverte par l’accompagnement des chercheurs, via des formations aux grands enjeux et aux outils de la SO, avec l’aide au dépôt des publications dans HAL, la sensibilisation à l’identité numérique du chercheur, le suivi du dépôt des thèses, ou encore la gestion et le partage des données de la recherche… Au sein de tout cet écosystème, les professionnels de l’information et de la communication occupent une place importante.
Lors d’un entretien, Laetitia Bracco a répondu à plusieurs de nos questions :
● Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Je suis conservatrice des bibliothèques et je travaille à la Mission Appui Recherche, au sein de la Direction de la Documentation de l'Université de Lorraine. J'ai fait des études d'histoire médiévale avant d'entrer dans le métier. Mon travail, c'est entre autres choses d'accompagner les scientifiques pour toutes les questions liées aux données de la recherche.
● Pourquoi vous êtes-vous intéressée à la science ouverte ?
Je m'intéresse à la Science Ouverte parce qu'il est pour moi primordial que la recherche publique, financée sur fonds publics, puisse être rendue accessible à tous. Je trouve inacceptable que des groupes privés s'accaparent les résultats de la science, qui doit être au bénéfice de tous. Je me suis spécialisée dans le domaine particulier des données de la recherche, car c'est un sujet émergent pour lequel les bibliothécaires peuvent à mon sens apporter beaucoup de compétences.
● Pourquoi trouvez-vous important de présenter la science ouverte à des étudiants en Veille stratégique et Organisation des Connaissances ?
La Science Ouverte n'est pas une évidence ; elle nécessite une révolution de pratiques ancrées depuis longtemps dans les habitudes de recherche. Il faut par exemple s'habituer à déposer ses publications dans HAL, à bien soigner ses données pour les rendre exposables, à produire un code compréhensible pour pouvoir le partager... Il est donc nécessaire de former les futurs chercheurs et chercheuses le plus tôt possible. Je pense également que la Science Ouverte représente une formidable plus-value pour la veille scientifique et technologique, car elle donne l'accès à des informations jusque-là cachées derrière des abonnements.
● Pensez-vous que des experts de la veille peuvent contribuer à la science ouverte ?
Oui, tout à fait. Les experts de la veille peuvent contribuer en repérant des publications ou des données qui représentent un intérêt mais qui ne sont pas accessibles ; et ainsi inviter les auteurs à les ouvrir.
● Quels sont les risques pouvant toucher la gestion des données ?
Les données de la recherche, numériques par essence, sont fragiles. Ne pas gérer ses données dans les règles de l'art, c'est s'exposer à des pertes, des altérations ou tout simplement risquer de ne plus comprendre ses données soi-même au bout de quelque temps.
● Quels seraient vos conseils pour un étudiant de master dont le mémoire a été apprécié et qui souhaiterait publier son travail ?
Plusieurs solutions existent en fonction des établissements ; mon conseil serait de prendre contact avec sa bibliothèque universitaire pour connaître la marche à suivre. Et surtout, d'éviter de tomber dans le piège d'éditeurs prédateurs, comme les Éditions universitaires européennes, qui contactent souvent les bons étudiants pour leur proposer de publier leur mémoire. Le bon réflexe, c'est de s'adresser à la bibliothèque !