Retour sur la table-ronde Ecologie urbaine « Comment imaginer les territoires résilients de demain ? » qui a eu lieu le 24 novembre dernier à Metz.
Cette table-ronde a permis de croiser les regards de différents acteurs de la ville afin d’imaginer les espaces urbains de demain.
Animée par le journaliste Valéry Dubois, elle a réuni scientifiques écologues, artistes, aménageurs du territoire, représentants de collectivités, d’associations et de citoyens pour échanger autour de l’écologie urbaine et de la ville de demain.
Intervenants
- En introduction : Marc Sciamanna (Adjoint au maire de Metz) et Florence Maunoury-Danger (PhD, Associate Professor au LIEC : Laboratoire Interdisciplinaire des Environnements Continentaux).
- Audrey Muratet, enseignante-chercheuse à l'Université de Strasbourg au sein du Laboratoire Image, ville, environnement
- Valentin Wattier, commissaire de l'exposition Point de Bascule
- Jean-François Nau, directeur général délégué à l'innovation EODD (Ingénieurs conseils)
- Benoit Leplomb, chef de pôle SRADDET (Schéma régional d’aménagement, de développement durable et d’égalité des territoires)
- Louis Albert de Broglie, entrepreneur militant écologiste.
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Quels constats faites-vous aujourd’hui sur l’écologie urbaine ?
Records de température, épuisement des ressources, pollution … : les territoires doivent faire face à ces bouleversements et réfléchir à des solutions pour répondre aux besoins essentiels de la population.
L’écologie urbaine appréhende la ville et ses espaces comme un écosystème dont il faut prendre soin. Ainsi la ville n’est plus figée, elle devient un système vivant pouvant évoluer et s’adapter.
Audrey Muratet : « Si on regarde les points positifs, les villes abritent une diversité d’espèces très importante grâce à la facilité d’accès aux différentes ressources. La complémentarité de la biodiversité en ville est riche mais également très fragile. La pollution atmosphérique mais également la pollution sonore, les éclairages ont un impact négatif sur cette biodiversité.
L’être humain a besoin d’au moins 30% d’espaces végétalisés dans un rayon de 300 mètres. Cependant en Europe, nous sommes sur une moyenne de 18% environ et à Metz, nous sommes clairement en carence. »
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Peut-on créer de la nature en ville ?
Audrey Muratet : « Oui c’est possible ! Mais, il faut éviter d’industrialiser les idées et favoriser la diversité. Par exemple, les ruchers à Paris semblaient une bonne idée, mais il y a eu une abondance d’abeilles domestiques et cela a eu un impact négatif sur les autres pollinisateurs. Autre élément important, il faut pouvoir préserver les espaces anciens au lieu de faire table rase… »
Jean-François Nau : « Effectivement, il est préférable d’avoir une mosaïque d’habitats. Cependant, on travaille souvent sur une petite partie de la ville. Il n’y a pas de continuité sur le reste de la ville, nous avons une problématique de surface. »
Benoit Leplomb : « Il faut pouvoir être acteur aussi chez soi car l’immense majorité de l’espace dans la ville tient du privé. La crise Covid a incité les gens à vouloir plus d’espaces verts en ville. »
Valentin Wattier : « La nature en ville, on l’a déjà ! Entre les pavés par exemple mais on nous demande de les enlever. Ce qu’il faut changer c’est notre regard et porter notre attention sur les bonnes personnes. Les artistes nous alertent depuis longtemps sur les sujets liés à l’écologie. Il faut pouvoir échanger et partager de façon poétique et scientifique auprès du plus grand nombre. »
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Comment engager les territoires dans une démarche de résilience ?
On parle de « territoire résilient » lorsqu’il est capable d’anticiper, réagir, s’adapter à des perturbations comme :
- les catastrophes naturelles,
- les crises économiques ou sanitaires,
- les risques nucléaires ou chimiques
- les changements climatiques.
Les territoires sont conscients qu’il ne s’agit pas d’une simple adaptation à ces perturbations mais que nous avons besoin d’une transformation profonde et collective pour en limiter les effets.
Les principes d’une démarche de résilience sont de pouvoir mobiliser les différents acteurs du territoire, pouvoir changer de méthode de réflexion et d’être en mesure d’évoluer plus rapidement.
Réorienter ou arrêter certains projets urbains, cela demande une prise de position politique solide.
Benoit Leplomb : « Cela fait plus de 60 ans qu’on vit avec un modèle urbanisme facile : le pavillon. Changer de modèle prend du temps. »
Pour réinventer l’existant, il faut pouvoir accepter faire autrement et créer de nouvelles synergies.
Marc Sciamanna : « Je lance un appel à manifestation d’intérêt pour travailler collectivement sur ces thématiques, et pourquoi pas développer une chaire écologie urbaine. »
Louis Albert de Broglie : « C’est un concours d’intelligence. Deyrolle pour l'Avenir mise sur la pédagogie en intervenant auprès de différents publics afin de sensibiliser le plus grand nombre aux enjeux environnementaux et de développement durable. »
Jean-François Nau : « C’est aussi important d’intégrer le citoyen pour construire la ville de demain. »
Audrey Muratet « L’écologie urbaine ne fait pas assez le lien avec l’humain, le social mais nous y travaillons pour mieux étudier ces liens et les comprendre. »
Valentin Wattier : « Nous avons des gens engagés, il faut les écouter. »
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