La Commission Internationalisation du Doctorat se réunira le 6 décembre prochain pour examiner les candidatures reçues dans le cadre de l’épisode 10 de l’aide à la mobilité internationale DrEAM (Doctor, Explore and Achieve More!). Comme les précédents lauréats du dispositif (104 depuis 2019), les prochains DrEAMer bénéficieront d’une prise en charge de leur frais de transport et de vie sur place pouvant aller jusque 6500 € selon le pays de destination et la durée du séjour.
Si la plus-value d’une expérience à l’international pour l’employabilité des doctorants est bien connue, le témoignage que nous livre Mathilde Bonnard, doctorante de l’école doctorale SJPEG suite à son séjour au Japon démontre une plus-value à bien d’autres égards. La fermeture des frontières japonaises en raison de la crise sanitaire avait pourtant bien failli compromettre son séjour, initialement prévu d’avril à septembre 2021. Elle a finalement pu partir un an plus tard, et développer ainsi un sens aigu de l’organisation et de l'adaptation que ces reports de séjour impliquent.
Factuel : Pourquoi avoir voulu partir à l'étranger dans le cadre de votre thèse ?
« Dès les prémices de mes recherches sur l’obligation de se soigner, des indices tendaient à démontrer que ce thème ne peut faire abstraction des législations étrangères. L’échange international à l’Université de Kobe présentait un double intérêt : scientifique et humain. Concernant l’apport scientifique, peu de thèses en droit privé s’intéressent à la législation japonaise et des fondements juridiques bien différents amènent à se questionner sur les normes internes. Outre un partage de connaissances, cet échange présentait un intérêt humain en permettant de créer des liens, d’étendre son réseau professionnel ainsi que d’envisager de nouvelles perspectives professionnelles. »
Factuel : Quels bénéfices tirez-vous de votre mobilité ?
« La mobilité a permis de renforcer et d’acquérir des compétences riches et diverses.
Elle a tout d’abord permis de renforcer la capacité d’organisation et d’adaptation en raison aussi bien du périple lié aux mesures sanitaires que de l’intégration au sein de la structure d’accueil. Il s’agissait également de s’adapter à un nouveau mode de vie et culturel. Il a fallu composer avec des rebondissements. Outre des compétences transversales et interculturelles, l’échange a favorisé celles linguistiques. Le séjour a été l’occasion de converser tant en anglais qu’en japonais. L’Université de Kobe offrait des cours de japonais en tant qu’auditeur libre aux étudiants chercheurs. Durant le semestre de printemps, j’ai ainsi pu suivre ces enseignements.
À côté de ces compétences, des résultats marquants ont pu être relevés. Parmi ces derniers, il a été particulièrement intéressant d’étudier en droit comparé les réponses distinctes à la crise sanitaire ou encore la notion de "devoir de santé" qui est expressément mentionnée par le droit japonais.
Certes la mobilité est en soi une ouverture culturelle, mais vivre dans une sharehouse l’a accentuée. »
Factuel : Quels aspects de votre mobilité vous ont le plus marquée ?
« En premier lieu, la capacité de basculer d’une langue à une autre – japonais, anglais et français – a été un aspect marquant de la mobilité. En effet, cette "gymnastique" linguistique a rythmé mon quotidien. À titre d’exemples, mes recherches étaient réalisées sur des ressources dans ces trois langues. Plus particulièrement sur les sources en japonais, des précisions étaient régulièrement demandées afin d’éviter des contre-sens. En outre, j’ai pu notamment suivre des enseignements sur le droit japonais en anglais. Les activités de tandem (anglo-japonais ; franco-japonais) ont également favorisé cette aptitude et permis de progresser dans ces langues, mais elles étaient surtout un lieu de partage à la fois culturel et de connaissances.
En second lieu, vivre dans une sharehouse a été un évènement marquant. À la place d’une chambre étudiante, j’ai préféré vivre au sein d’une colocation composée de cinq japonais et cinq étudiants internationaux. Ce cocon a été un véritable lieu d’apprentissage : apprendre à vivre avec nos différences culturelles, apprendre des autres mais également sur soi-même. »
Factuel : Quel est votre meilleur souvenir ?
« Difficile de répondre à cette question, car plusieurs souvenirs me viennent à l’esprit. C’est de petites victoires en petites victoires que la mobilité a avancé. À titre d’exemples, le fait d’expliquer les symptômes d’une angine en japonais, car personne n’est à l’abris de l’air conditionné en été ou encore de l’évocation d’un éventuel projet de post-doctorat. Paradoxalement, mon meilleur souvenir a lieu la veille de mon départ. Ce jour-là a été rythmé par la présence de la plupart des personnes côtoyées lors de la mobilité. C’est entouré des illuminations de la place d’Harborland à Kobe que j’ai reçu de la part de toutes ces belles rencontres un recueil qui comprend chacun de mes pas sur le sol japonais. C’est ce jour-là que j’ai réalisé le chemin parcouru, les merveilleuses rencontres ainsi que l’importance des autres et de soi-même au sein d’un groupe. Merci à ces petites mains de m’avoir accompagnée durant ces six mois. »
Factuel : Cette expérience de mobilité a-t-elle changé vos perspectives d’avenir ?
« Au fil des années de mon doctorat, les activités réalisées, telles que dispenser des travaux dirigés ou encore la participation à des colloques, n’ont cessé de me conforter dans mon choix professionnel qu’est la carrière universitaire. Cette expérience de mobilité a permis d’élargir mes perspectives en envisageant notamment un post-doctorat à l’étranger. »
Factuel : Suite à votre mobilité, la collaboration entre l'IFG et l'Université de Kobe se poursuivra-t-elle dans le futur ?
« La mobilité à l’Université de Kobe a été l’occasion de créer un lien avec l’Université de Lorraine, plus particulièrement le laboratoire de l’Institut François Gény. Tout d’abord, la collaboration pourrait se poursuivre en permettant à d’autres mobilités internationales, voire un projet post-doctorat, de voir le jour. De ce partage culturel pourrait découler un partage de connaissances en facilitant les échanges de ressources documentaires mais également en organisant des manifestations scientifiques. »
Et si vous aussi vous tentiez l’expérience ? Rendez-vous sur la page dédiée pour candidater !