Haifa Laroussi est une jeune chercheuse tunisienne en microbiologie moléculaire et biochimie dans le laboratoire « Dynamique des génomes et Adaptation microbienne » (DynAMic) à l’Université de Lorraine. Ses travaux sont encadrés par Dr Nicolas Soler et Pr Nathalie Leblond-Bourget.
Factuel : Pouvez-vous vous présenter ?
Haifa Laroussi : Je suis titulaire d’un diplôme d’ingénieur national tunisien en Biotechnologie. Passionnée par la science depuis longtemps, j’ai eu l’opportunité de venir en France pour accomplir mon ambition et commencer ma carrière comme jeune chercheuse à Nancy. Visant une carrière d’enseignante-chercheuse, je suis également enseignante en licence Sciences de la Vie. La transmission des savoirs et des connaissances aux étudiants est très enrichissante, et j’aime beaucoup partager les découvertes, et susciter chez eux l’envie d’en apprendre plus et d’enraciner la passion pour la recherche scientifique.
Factuel : Sur quel sujet portent vos travaux de recherche ?
H. Laroussi : Je travaille au sein de l’équipe ICE-TeA du laboratoire, qui s’intéresse aux mécanismes d’évolution rapide chez les bactéries, en particulier par l’intermédiaire d’éléments génétiques mobiles*. Les thématiques de recherches au sein de l’équipe visent notamment à comprendre les mécanismes qui rendent les bactéries résistantes aux antibiotiques afin de contrôler la dissémination des gènes de résistance aux antibiotiques dans les populations bactériennes.
Mes travaux de recherches portent en particulier sur le mécanisme de conjugaison permis par certains éléments génétiques conjugatifs chez les bactéries Gram+, plus précisément les Streptocoques. La conjugaison bactérienne est un mécanisme de transfert de gènes d’une bactérie donneuse à une bactérie receveuse par l’intermédiaire d’un contact physique entre les cellules, un pore de conjugaison. L’un des enjeux de mes recherches est de comprendre le mécanisme moléculaire d’initiation de la conjugaison, comment l’ADN est pris en charge au début du transfert d’un élément génétique mobile par conjugaison. Je m’intéresse en particulier à comprendre comment la protéine initiatrice du transfert, nommée relaxase, reconnait l’ADN à transférer, comment elle le clive, et comment cet ensemble nucléo-protéique est adressé au niveau du pore de conjugaison pour être transféré. Je cherche également à identifier les autres partenaires protéiques qui assistent la relaxase pour réaliser l’ensemble de ses fonctions.
Ces recherches scientifiques vont mener à une compréhension claire des mécanismes moléculaires de transfert conjugatif de l’ADN et vont nous aider à identifier des inhibiteurs qui vont empêcher certaines étapes essentielles du transfert conjugatif.
*Eléments génétiques mobiles : ce sont des fragments d’ADN qui sont capables de se déplacer d’une bactérie à une autre. Ces éléments peuvent coder, parmi d’autres gènes, des gènes de résistance aux antibiotiques ou encore de virulence. Par exemple, les plasmides, les éléments conjugatifs et intégratifs (ICE) ou encore les virus sont des éléments génétiques mobiles.