Prévention Harcèlement Doctorant : conclusions et mesures à mettre en place

 
Publié le 15/12/2021 - Mis à jour le 16/12/2021
Clotilde Boulanger et Pascal Tisserant

Les conclusions du groupe de travail PHD (Prévention Harcèlement Doctorant) ont été présentées au conseil d’administration du 14 décembre 2021. Rencontre avec les animateurs de ces travaux, Clotilde Boulanger, vice-présidente Stratégie Doctorale, et Pascal Tisserant, vice-président Egalité-Diversité.

Le suicide d’une doctorante durant l’été 2020 a ému la communauté universitaire et attiré l’attention sur la prise en charge des maltraitances dont peuvent être victimes les doctorants. Quelle a été la réponse de l’université à cette souffrance ?

Clotilde Boulanger : Nous avons mis en place un groupe de travail Prévention Harcèlement Doctorant (GT PHD). Il rassemblait des doctorantes, doctorants, des personnes dirigeant des thèses mais aussi des écoles doctorales, ainsi que certaines directions opérationnelles, comme la direction des affaires juridiques, la direction de la recherche et de la valorisation et la direction de la communication. Les travaux se sont partagés au sein de 4 groupes. Le premier a permis de structurer la démarche. Le deuxième a étudié le renforcement du rôle des écoles doctorales et des unités de recherche et la dissémination de bonnes pratiques dans la prévention du harcèlement. Le troisième s’est penché sur la réalisation d’un cahier des charges des formations, et  le dernier sur la création de dispositifs de sensibilisation et d’outils de communication. Au total, ce sont 25 réunions qui ont permis de déboucher sur 19 propositions pour améliorer les dispositifs existant

Pascal Tisserant : Il nous a semblé important de renforcer ce qui existait déjà pour répondre aux situations de harcèlement ou de discrimination. L’université propose aujourd’hui deux dispositifs d’alerte et de traitement, l’un dédié au harcèlement moral, réservé au personnel mais incluant les doctorants, l’autre dédié aux violences sexistes et sexuelles et aux discriminations, dédié à l’ensemble de la communauté universitaire.

C. B.  : Par ailleurs, les directions d’écoles doctorales et leurs gestionnaire étaient bien entendu déjà saisis de certains cas. Enfin, au niveau national, des comités de suivi individuels (CSI) ont été mis en place pour regarder le déroulement scientifique de la thèse, mais c’est aussi un moment où les doctorants peuvent faire état de leur conditions matérielles et de bien-être.

P. T. : Il est à remarquer que cette démarche s’inscrit dans une démarche nationale et plus globale. En octobre 2021, Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, déployait un plan d’action contre les violences sexistes et sexuelles dans l’enseignement supérieur. Et ces questions sont présentes au cœur de l’université, puisque nous avons réalisé notre premier plan d’action dédié à l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes en juin 2021.

Comment se sont déroulés ces travaux ?

C. B. : Nous avons beaucoup écouté. Les préconisations sont issues de toutes les personnes que nous avons rencontrées dans les groupes de travail, le Collège lorrain des écoles doctorales et l’ensemble des conseils de l’université. Nous sommes arrivés à un document qui fait consensus, qui satisfait les directeurs de thèse, les doctorants, les administratifs.

P. T. : Oui, ce travail, ce n’est pas juste celui de Clotilde Boulanger et Pascal Tisserant ! Nous ne sommes que les porte-paroles de nos collègues. Et si toutes les positions n’étaient pas forcément concordantes, nous avons tenté, à travers ses 19 propositions, de trouver un point d’équilibre qui fasse consensus.

Quelles sont les préconisations du groupe de travail ?

C. B. : Les 19 propositions issues de ce travaux concernent à la fois des actions spécifiques au déroulé de la thèse et des actions spécifiques au harcèlement. En ce qui concerne le déroulé de la thèse, nous proposons notamment des informations préalables au commencement de la thèse, le renforcement de l’animation scientifique au sein des unités de recherche ou le renforcement du système de suivi des arrêts de thèse. En ce qui concerne les actions spécifiques au harcèlement, l’effort porte sur la sensibilisation, la formation et la communication.

P. T. : Sur ce point, on peut remarquer que ce que nous mettons en place pour les doctorantes et les doctorants peut d’ailleurs être étendu à d’autres populations.

Comment vont se mettre en place ces propositions ?

C. B. Certaines de ces préconisations sont déjà en place, comme le rappel du fonctionnement du CSI ou la procédure de déport de signature. Les doctorantes et les doctorants peuvent par ailleurs désigner un membre du CSI. Nous avons aussi mis en place une feuille confidentielle à transmettre directement à la Maison du doctorat, sans que le directeur ou la directrice de thèse ou de laboratoire n’en ait connaissance. Cette démarche est nécessaire pour que les personnes en doctorat soient en position de confiance face à l’institution.

P. T. :  Une partie des actions de formation sera mise en place en 2022. Il s’agit de modules de formation en ligne. Cette ressource va pouvoir bénéficier au plus grand nombre : les doctorantes, les doctorants et leurs directeurs ou directrices de thèse, mais plus largement l’ensemble des personnels et les étudiantes et les étudiants. Car un des grands enjeux de la formation est aussi de former les témoins. Souvent, ils ne savent pas comment réagir face à une situation de harcèlement ou de discrimination. Comment la signaler ? Comment écouter la personne maltraitée ou en souffrance ?

C. B. : Au niveau de la Maison du doctorat, nous avons mis en place des actions de vie doctorante pour que les doctorantes et les doctorants ne soient pas isolés, comme des visites d’intégration. Nous avons aussi recruté un emploi étudiant doctorant qui organise des rencontres, des afterworks et qui gère un groupe Facebook non institutionnel. Nous avons par ailleurs mis en place avec la psychologue du travail un groupe de parole.