Il y a des pans de la culture scientifique qui sont difficilement accessibles : de l’infiniment grand à l’infiniment petit en passant par la mécanique quantique, on peut se sentir intimidé par ces sujets qui n’ont a priori pas d’impact sur notre quotidien et dont le fonctionnement bouscule souvent ce que nous tenions pour acquis. Pour autant, ces sujets restent-ils le secret bien gardé des scientifiques qui ont consacré des années à les étudier ? Trois projets de médiation nous montrent que la réalité est bien différente et qu'il est justement important de rendre ces sujets accessibles au plus grand nombre.
Laurence Arcadias et Robin Corbet enseignent depuis bientôt 10 ans au Maryland Institute College of Art, à Baltimore, un cours d’astro-animation, qui mêle sciences et arts.
Au cœur de ce cours, une animatrice et un chercheur en astrophysique ont une intuition : l’animation est le médium parfait pour rendre compte de la beauté de l’espace, et susciter de l’intérêt pour ces recherches qui paraissent tellement complexes et incompréhensibles. Durant ce cours, les étudiant·es en animation rencontrent en petit groupe des chercheur·ses de la NASA, qui leur présentent leurs recherches. Les étudiant·es créent ensuite un storyboard pour mettre en images ce travail : il faut que le résultat soit à la fois artistique et scientifiquement précis !
C’est un travail qui permet également aux chercheur·ses de faire un pas de côté, d’avoir un nouveau regard sur leur sujet. En mêlant des procédés scientifiques et artistiques qui divergent tellement, on crée des ponts et des perspectives qui n’existaient pas. L’objectif n’est pas de faire comprendre en 2 minutes une théorie astrophysique, mais d’ouvrir une fenêtre sur la science, de montrer pourquoi elle est importante, et de donner une bonne raison de s’y intéresser.
Les résultats sont magnifiques : fausse pub de cosmétique pour astéroïde, théorie du donut-trou noir… cliquez ici pour regarder les courts-métrages.
Gernot Scheerer anime au sein du CERN le S’Cool LAB, un laboratoire éducatif qui accueille des classes de collège-lycée et leurs enseignant·es pour leur proposer de mettre la main à la pâte.
Le S’Cool Lab est la preuve qu’il n’est pas nécessaire d’avoir un doctorat pour toucher du doigt la physique des particules. Dans ce lieu à mi-chemin entre l’école et le laboratoire, les scientifiques du CERN proposent à de jeunes élèves de reproduire les expériences qu’ils et elles réalisent au quotidien, sur les mêmes machines que celles utilisées par les chercheur·ses.
L’objectif est de montrer que ces expériences, parmi les plus complexes du monde, sont tout à fait tangibles : en démystifiant la pratique de la science, on permet à des vocations de naître. Par exemple avec la chambre à brouillard : avec seulement une caisse en plastique, de la glace carbonique et de l’alcool, vous pourrez faire apparaitre les traces laissées par des particules nucléaires.
Mais susciter cette curiosité dans la science n’est pas forcément simple : le S’Cool LAB organise par exemple des formations de vulgarisation scientifique pour les chercheur.es et des formations à la didactique de la physique pour les enseignant·es. La médiation scientifique passe aussi par le théâtre et des lieux comme le Portail de la Science que le CERN est en train de construire. Ce nouveau centre dont l’ouverture est prévue pour début 2023 regroupera un laboratoire éducatif, des espaces d’exposition et une salle de spectacle !
Mais susciter cette curiosité dans la science n’est pas forcément simple : le S’Cool LAB organise par exemple des formations d’improvisation pour les enseignant·es. La médiation scientifique passe aussi par le théâtre et des lieux comme le Science Gateway que le CERN est en train de construire, à mi-chemin entre l’école et le laboratoire.
Fernando Blasco, Miquel Duran et Sílvia Simon Rabasseda enseignent respectivement les mathématiques appliquées, la chimie quantique et la physico-chimie, et pratiquent ensemble… la magie.
À une époque lointaine, science et magie avaient une origine commune : il s’agissait d’expliquer les phénomènes du monde, et l’astronomie et l’astrologie étaient très liées. Aujourd’hui, cette équipe d’enseignant·es montre que l’on peut utiliser la surprise suscitée par un tour de magie pour transmettre des concepts scientifiques à des personnes qui ne s’y seraient pas intéressées autrement.
Prenez un jeu de carte : chaque couleur (trèfle, carreau, cœur et pique) permet de représenter une base nucléique (A, T, C et G) de l’ADN, et donc de comment les acides aminés se créent, comment l’ADN peut être endommagé ou réparé. À la fin de la journée, vous avez réussi à construire des protéines avec un château de cartes ! De même pour la mécanique quantique : tant qu’une carte n’est pas retournée, vous ne connaissez pas sa valeur, il peut s’agir à la fois d’un as, d’un valet… Exactement comme dans la superposition quantique.
Gernot Scheerer interviendra lors de la session “Sciences citoyennes, sciences participatives” le vendredi 19 novembre 2021 à 13h45.
Miquel Duran présentera son dispositif Card Magic lors de la session “Enjeux actuels : Intelligence Artificielle” le jeudi 18 novembre 2021 à 15h30.
Retrouvez le programme du colloque sur http://www.science-and-you.com/fr/programme