L’ENSGSI collabore étroitement depuis plusieurs années avec l’Association Elles Bougent qui a pour objectif de valoriser les parcours scientifiques et techniques auprès des jeunes filles, pourquoi votre engagement dans cette association ?
Laure MOREL : Il y a une réelle méconnaissance du métier d’ingénieur auprès des lycéennes. Du fait des enseignements en sciences pour l’ingénieur dispensés en lycée, elles y associent à tort une image de sciences industrielles, très techniques. S’engager dans la dynamique Elles Bougent, c’est montrer à quel point nos étudiantes s’épanouissent dans leurs études et que le métier d’ingénieur est multi facettes.
L’ENSGSI a co-organisé le Challenge InnovaTech 2021 pour la Lorraine avec 9 équipes : 17 étudiantes de 5 écoles d’ingénieurs Lorraine INP (Eeigm, Ensgsi, Mines Nancy, Polytech Nancy,Telecom Nancy), 18 lycéennes de 5 lycées (Chopin et Loritz à Nancy, Alfred Kaetsler à Stenay, Henri Vogt à Commercy, Rosa Parks à Thionville) et 15 marraines (Batigère, Edf Cattenom, Eiffage Energie et Construction, RTE, Tdf, Vinci construction ). Comment mobiliser autant de participantes ?
Isabelle LE MAY : Depuis 2006 Elles Bougent fait découvrir aux collégiennes, lycéennes et étudiantes les métiers d’ingénieures et de techniciennes dans tous les secteurs en manque de talents féminins. Parrainée par 5 ministères elle réunit 22 délégations régionales 183 entreprises et établissements d’enseignement supérieur, un club de collèges et lycées et 5000 marraines. Une vraie force de frappe. La Délégation Lorraine créée il y a 15 ans par Agnès VOLPI dispose d’un réseau engagé et réactif sur le territoire lorrain. La confiance règne en quelque sorte. Ainsi cette année, la Lorraine est la région qui mobilise le plus d’équipes (9 composées d’étudiantes, de lycéennes et de marraines d’entreprise) avec l’Ile de France. De plus, c’est une délégation copilotée par 3 déléguées (Cécile ROUSSEL DG de Batigère Maison Familiale, Agnès VOLPI marraine et moi-même Chargée du développement des partenariats à l’ENSGSI) et fortement soutenue par l’ENSGSI sans laquelle par exemple le challenge ne pourrait avoir lieu.
Le contexte de pandémie a contraint les acteurs du challenge annuel InnovaTech à travailler en 100% digital, un challenge dans le challenge ! L’ENSGSI anime le Challenge InnovaTech pour la Lorraine depuis plusieurs années, ce n’est pas un hasard. Comment arrivez-vous à faire travailler ensemble, dans ces conditions, des équipes intergénérationnelles avec des parcours et profils différents ?
Laure MOREL : Tout l’enjeu est de disposer effectivement des équipes prêtent à s’investir dans une pédagogie plus chronophage et compliquée : animer des sessions de créativité collective en ayant les participants à distance et qui plus est seul ou à deux maximum au même endroit. Ceci nécessite aussi des outils qui s’y prêtent et surtout des autorisations de les utiliser ! C’est le retour d’expérience de cette année : le travail collaboratif à distance nécessite que les établissements puissent se connecter entre eux. Or, les établissements scolaires sont fortement sécurisés et n’utilisent pas les mêmes outils que les universités par exemple. Cela nécessite une mobilisation d’une équipe technique au niveau des organisateurs.
Dans ce contexte de challenge à distance, Le sujet proposé pour les participantes avait pour thème le stockage d’énergie, thématique proposée par RTE. Sujet inter-générationel ?
Laure MOREL : je dirais plutôt transgénérationnel. En effet, le stockage de l’énergie est un sujet qui concerne toutes les générations et tous les âges. Nous avons d’ailleurs pu le constater au travers des idées qui ont été produites : elles mettaient bien en valeur de nouvelles pratiques culturelles transgénérationnelles, comme le fait de faire du sport en salle et de générer de l’énergie au bénéfice d’un collectif.
Observez-vous un intérêt des jeunes générations pour le développement durable ?
Laure MOREL : C’est incontestable. La nouvelle génération est très en attente d’apporter sa contribution à la planète et cela prend différentes formes. J’ai été agréablement surprise de constater à quel point la dimension respect de l’environnement mais aussi respect des autres avait pris de l’ampleur. Dans les groupes, ce n’est plus un aspect isolé mais bien un besoin collectif de considérer d’emblée l’impact de son idée sur la planète.
Et la suite ?
Isabelle LE MAY : L’équipe lauréate « Girl Innov » composée de 2 étudiantes (Zoé CHANAY - Mines Nancy et Clémence ZURCHER - ENSGSI) de 2 lycéennes Donia KATEB et Sabrina METZGER du Lycée Rosa Parks de Thionville et des marraines d’entreprise Virginie ILLA pour Eiffage et Françoise VALET pour Edf) représentera donc la Lorraine à la finale nationale du 6 mai (100% digitale). Elle défendra son projet « Ca coule de source : un barrage dans votre maison », dispositif de production d’énergie à l’échelle d’une habitation, conçu en plastique recyclé, produit à peu de frais et disposé ingénieusement aux endroits qui rejettent de l’eau. L’équipe se mobilise actuellement pour présenter un support de communication et surtout un prototype qui sera réalisé au Lorraine Fab Living Lab de l’ENSGSI. Il est très important de matérialiser ce concept afin de permettre au jury de mieux se projeter dans la situation d’usage de l’innovation. Car in fine, il s’agit bien de convaincre le jury national que cette innovation correspond à un besoin dans le contexte de raréfaction des ressources énergétiques et contribue à lutter contre le réchauffement climatique.
Pour en savoir plus sur la délégation Lorraine Elles Bougent : http://www.ellesbougent.com/regions/lorraine/
Contact Elles Bougent Lorraine : lorraine@ellesbougent.com
