Previously on the ARIEL series…
Le 3ème épisode de la série de séminaires intitulée « Genèse, illustration, traduction et prix littéraires autour de l’œuvre de Mohale Mashigo » organisée par IDEA a eu lieu en direct sur YouTube ce jeudi 26 novembre. Cette rencontre a été présidée par Marilyne Brun et a réuni Lorena Rizzo et Cédric Courtois. Ensemble, ils ont abordé la question de la représentation des femmes et la notion de traumatisme, qu’il soit collectif ou personnel, sur différents supports.
Lorena Rizzo a centré sa discussion sur la Namibie et le rôle de la photographie et des albums photos dans la vie des femmes du village d’Usakos. Lors d’une rencontre avec des femmes du village, elle et son équipe de recherche ont pu découvrir l’existence d’un corpus photographique précieusement conservé, avec certaines photos datant jusqu’aux années 1900. Cela a ainsi donné naissance à un projet collaboratif visant à conserver ces archives, notamment avec la création d’un musée à Usakos en 2015. Ce projet toujours d’actualité continue d’être soutenu et enrichi par de nombreux collaborateurs dans le monde.
Lorena Rizzo a ensuite évoqué le lien entre les albums photos et le passé : « Les albums aident à se rappeler et à raconter le passé d’une certaine manière où l’album constitue une manifestation matérielle et l’expression symbolique de leur connexion au passé. » Lorena Rizzo, à travers ces nombreux clichés, nous a expliqué l’importance et la force de ceux-ci en tant qu’objets transgénérationnels : « ils se placent à l’interface entre le personnel, l’intime, la réflexion et plus globalement la sphère publique. » Elle a ainsi rappelé la fonction hybride et le caractère unique de ces albums. Ils se placent avant tout dans la sphère personnelle de ceux qui l’ont constitué mais s’inscrivent aussi plus globalement dans la mémoire collective et la volonté de constituer un souvenir commun à l’aide de textes et d’annotations.
Dans la deuxième partie du séminaire, Cédric Courtois a analysé le traumatisme et son traitement dans Daughters Who Walk This Path (2012) de Yejide Kilanko, The Yearning (2016) de Mohale Mashigo et Becoming Unbecoming (2015) de Una. Analysant tour à tour les spécificités de chaque roman (deux romans et un roman graphique) pour ensuite les comparer, Cédric Courtois a insisté sur l’importance de la langue et des figures de style utilisées pour raconter les expériences douloureuses de ces différents personnages. Il a notamment évoqué le sujet de l’expérience sexuelle, centrale dans le développement de ces personnages féminins. Dans ces récits, cette expérience est un traumatisme lié à des abus et plus une simple étape vers la vie adulte.
Cédric Courtois nous a également parlé de l’importance de la voix des femmes, notamment dans le récit de Kilanko : « La langue et le développement ou l’absence d’une voix sont centraux dans la construction des personnages féminins dans Daughters Who Walk This Path ». A l’aide de nombreux exemples issus des trois œuvres, Cédric Courtois a analysé les liens et la diversité des techniques utilisées par les auteurs pour narrer des faits traumatisants comme le viol et ses répercussions physiques et psychologiques. Ainsi, Cédric Courtois a démontré l’importance de la voix, qui constitue un premier pas vers la guérison : . « Le passage du silence à la parole peut constituer une façon d’articuler les effets dévastateurs du traumatisme sur l’individu et son récit. » À travers sa présentation, il a donc illustré la richesse de récits qui partagent ce thème commun.
Cette conférence aura encore une fois permis au public d’interagir avec les intervenants. De nombreuses questions ont été posées sur la conversation en direct et relayées par l’équipe ARIEL, ce qui a permis un déroulement sans encombre et a donné lieu à un dialogue dynamique entre les le public et les intervenants. Ce troisième épisode est à retrouver sur la chaîne YouTube ARIEL (https://www.youtube.com/channel/UCEuBBQRXPsipKSrpkS9FWAA), où les deux dernières conférences seront diffusées en direct les jeudis 3 décembre (à 17h30) et 10 décembre (à 18h).
Elise Beerens et Delphine Rapenne, M1 Mondes Anglophones