Depuis 15 ans, le Pôle Véhicule du Futur accompagne l’innovation dans le champ – vaste – de la mobilité : automobile, camion, train, avion, trottinette, engins agricoles, vélo… tout véhicule permettant de se déplacer entre dans son périmètre d’activité ! Créé initialement entre l’Alsace et la Franche-Comté, autour, entre autres, des trois sites du groupe PSA (Mulhouse, Sochaux-Montbéliard et Vesoul), il couvre désormais tout le Grand-Est, terre, notamment, d’industrie automobile.
Car même si le Pôle Véhicule du Futur s’intéresse à tous les modes de mobilité, la voiture, bien évidemment, demeure le « cœur battant » du secteur. Notre société est structurée par l’automobile. La voiture est partout. Nos villes et nos paysages portent la marque du réseau routier, long de plus d’un million de kilomètres, quand ils ne s’organisent pas autour. Cette empreinte profonde, Roland Barthes l’a d’ailleurs illustrée, dès 1957, dans Mythologies, en écrivant « Je crois que l’automobile est aujourd’hui l’équivalent assez exact des grandes cathédrales gothiques […] consommée dans son image, sinon dans son usage, par un peuple entier qui s’approprie en elle un objet parfaitement magique[1] ». Cette place à part, structurante, même si elle est questionnée depuis quelques années, demeure encore aujourd’hui majeure. Au sein du Pôle, cependant, tous les aspects de la mobilité sont pris en compte et représentés (ferroviaire, aéronautique, camions, véhicules agricoles…).
Mais les missions du Pôle ne se limitent pas à accompagner le développement de véhicules pour le futur. Elles dépassent même largement, tout en les englobant, ces frontières. Parmi les axes stratégiques du Pôle, on retrouve naturellement la question des nouvelles sources d’énergie, pour favoriser l’émergence de véhicules propres – hybrides, électriques, à hydrogène –, ainsi que celle de l’allègement des structures, des matériaux, de la recyclabilité. Il s’agit également de participer aux travaux sur la mise au point de véhicules connectés et autonomes. Mais deux autres axes ont également toute leur place : celui qui consiste à étudier la mobilité comme service, dans l’optique des smart cities, et la question de l’industrie du futur.
En effet, il ne suffit pas de concevoir des véhicules pour le futur, il faut également inventer de nouvelles façons de les construire. L’automobile – si l’on conserve cet exemple central – est une industrie grand public, qui se caractérise par des cadences élevées, et des marges faibles, avec une attente grandissante, de la part des clients, de pouvoir personnaliser leur voiture (couleur, équipements...). La question de la modernisation des process – robotisation, numérisation… – afin d’accéder à des réserves de compétitivité est donc incontournable. On peut aisément imaginer numériser toute la chaîne allant du client final qui configure son futur véhicule depuis son canapé, un soir à 23 heures et valide sa commande dans la foulée jusqu’au sous-traitant de rang 3 qui va recevoir automatiquement la commande des éléments de motorisation des rétroviseurs du fameux véhicule.
Rendue possible par l’évolution du numérique, en particulier, cette évolution ne consiste cependant pas uniquement à empiler des briques technologiques. Et c’est justement pour inscrire clairement cette caractéristique que le Pôle Véhicule du Futur a substitué au 4.0 le 4.h, ce « h » rappelant la place centrale que l’humain doit occuper au coeur de ce dispositif. « 4.h, c’est le 4.0 au service de l’humain », dit ainsi Ludovic Party, directeur du projet 4hfactory.tech. L’industrie du futur, vue par le Pôle Véhicule du Futur, passe avant tout par l’implication des hommes et des femmes dans les entreprises. Une usine 4.0 – ou, pour reprendre la terminologie du Pôle, 4.h, c’est un lieu de travail dans lequel les équipes accèdent à de nouvelles compétences, à une nouvelle culture. Tout cela nécessite évidemment un important investissement en formation. Parmi les chantiers d’amélioration que le Pôle Véhicule du Futur accompagne régulièrement, on retrouve fréquemment la réorganisation des postes de travail, mais également la numérisation des flux d’information. Or il est indispensable de partir des hommes et des femmes qui sont sur le terrain pour identifier les informations utiles.
C’est donc dans cette optique que le Pôle travaille à la mise en place – l’inauguration aura lieu en septembre – de la plateforme 4hfactory.tech. L’idée est de proposer, dans une usine virtuelle de 4000 m2, un espace pédagogique complet, intégrant des ressources pédagogiques partagées – vidéos, 3D, serious games, modules de e-learning... –. Il s’agira d’une brique du projet Attractivité, Compétences et Emplois (ACE), porté nationalement par la Plateforme Automobile & Mobilités (PFA).
[1] Roland Barthes, Mythologies, Éditions du Seuil, 1957, 1970, p. 150.