[Portrait de chercheurs] Cécile Floer : "L’art de l’alchimie"

 
Publié le 21/05/2020 - Mis à jour le 5/05/2023

Tout au long de l’année, La Semaine et l’Université de Lorraine vous proposent de rencontrer chaque mois les jeunes talents scientifiques qui portent haut les couleurs de la Lorraine dans le monde entier. Neuvième épisode de la série avec Cécile Floer de l’Institut Jean Lamour* qui a soutenu brillamment sa thèse fin 2019.

Cécile Floer, Mosellane de 26 ans, revendique son statut de scientifique. Elle fait partie de ces 20 % de femmes qui ont décidé de satisfaire leur appétence pour les sciences. Rencontre. 

Baccalauréat scientifique au lycée Jean-de-Pange à Sarreguemines, classe préparatoire physique-chimie au lycée Kléber à Strasbourg puis École nationale supérieure d’électricité et de mécanique (Ensem) à Nancy. À la première lecture de ce parcours, nombre d’entre nous penseraient immédiatement au cursus d’un ingénieur. Au sens masculin du terme. C’est pourtant le chemin qu’a choisi d’emprunter Cécile Floer, une jeune Mosellane âgée de 26 ans qui a soutenu brillamment, à la fin de l’année dernière, sa thèse portant sur les "capteurs SAW**, application à l’électronique sur peau". « Autrement dit, l’étude de capteurs à ondes élastiques confinées pour une application à l’électronique sur peau », indique la chercheuse à l’Institut Jean-Lamour, unité mixte de l’Université de Lorraine et du CNRS. « L’objectif est de faire un capteur de température ultra souple, qui puisse se déformer avec les mouvements du corps humain. » Un dispositif ultra fin – de l’ordre de l’épaisseur d’un cheveu – sans batterie et sans fil. « Le capteur fonctionne avec le principe de la piézoélectricité qui permet de créer une onde sensible à des paramètres extérieurs, notamment à la température. » C’est surtout la première brique d’un projet plus vaste. Car les applications qui en découleront seront très variées : suivi post-opératoire, identification de signaux de perte d’autonomie ou organisation du maintien à domicile pour les seniors. « Nous sommes clairement dans le domaine de la Silver Economy. Mais pas que. Ce capteur pourrait également intéresser d’autres domaines notamment le secteur de la défense. Il pourrait ainsi faire partie de l’équipement des militaires dans la mesure où il assure un suivi au millimètre des paramètres du corps humain. »

Science de précision

Une science de précision qui va de pair avec la curiosité et la passion. « Deux ingrédients qui m’ont été indispensables tout au long de mon parcours. Je le dois à des enseignants investis, qui m’ont transmis le goût de comprendre les choses et d’appliquer les connaissances acquises avec minutie. » Un peu aussi comme elle le fait lorsqu’elle confectionne ses gâteaux. « Mon pêché mignon. La pâtisserie est à sa façon, une science de précision. Il s’agit de trouver la meilleure recette pour sublimer le goût. » Un état d’esprit qui lui a permis de faire partie des 35 lauréates du prix Jeunes Talents 2019 L’Oréal-Unesco Pour les Femmes et la Science et d’obtenir une bourse pour poursuivre ses recherches de l’autre côté de l’Atlantique. « Il y a eu un appel à candidatures pour un programme d’échange avec les Etats-Unis. Il fallait chercher un professeur et une université qui puissent m’accueillir. Avec l’université de San Diego, j’ai essayé de construire un projet qui combinait les applications biomédicales, mon parcours en mécanique des fluides et toutes les notions de micro et nanofabrication que j’ai acquises pendant ma thèse. Je me suis engagée sur la microfluidique, soit la miniaturisation de toutes les fonctionnalités qu’on peut faire en laboratoire à l’échelle d’une puce.» Ou comment savoir mélanger avec dextérité différents éléments pour en tirer la quintessence. Un peu comme dans l’art subtil de la pâtisserie…
 
* L'Institut Jean Lamour est une unité mixte de recherche commune au CNRS et à l'Université de Lorraine
** Surface Acoustic Wave.