Le 11 février 2020, près de 120 personnes se sont inscrites dans les pas du scientifique nancéien Patrick Alnot, à l’occasion d’une journée organisée par l’Institut Jean Lamour (IJL). Familles, amis, collègues étaient rassemblés pour évoquer, 10 ans après sa disparition, les qualités professionnelles et humaines de celui qui a fortement contribué à l’émergence des micro- et nanotechnologies en Lorraine et, plus largement, en France.
La journée a été ouverte par Thierry Belmonte, directeur de l’IJL et par Pierre Mutzenhardt, président de l’Université de Lorraine. Le premier a rappelé la contribution de Patrick Alnot à la création de l’IJL où, dans l’équipe de direction de Jean-Marie Dubois, il a porté un projet fédérateur intitulé « Jacques Callot : Nano-matériaux / Sciences / Technologies ». Le second a évoqué ce jour où Patrick Alnot, alors vice-président recherche de l’Université Henri Poincaré (UHP), lui a annoncé qu’il avait accepté un poste au ministère et qu’il lui proposait de lui succéder en tant que Vice Président.
Alain Schuhl, directeur général délégué à la science du CNRS, a retracé le parcours de Patrick, qui a croisé le sien, puisqu’ils ont tous deux travaillé au Laboratoire Central de Thomson-CSF pour venir ensuite développer ensemble de nouvelles activités de recherche à l’Université Henri Poincaré. Un parcours fait d’excellence scientifique, avec des publications citées de nombreuses fois, de multiples prix et un goût pour la technologie auquel le début de sa carrière chez Thomson-CSF n’était pas étranger. Il a également évoqué sa personnalité associant force de conviction, respect et écoute de l’autre.
Jean-Pierre Finance, ancien président de l’UHP a, pour sa part, évoqué le rôle qu’a joué Patrick en tant que Vice-Président recherche de 2004 à 2007, année où il a été nommé directeur adjoint Nanosciences et Nanotechnologies à la Direction Générale de la Recherche et de l'Innovation du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche.
Patrick Alnot avait également obtenu un financement de 2,4 millions dans le cadre du CPER 2000-2006 pour un projet portant sur : nouveaux matériaux fonctionnels et microtechnologies, microcapteurs et microsystèmes magnétiques, piézoélectriques, optiques, alliages à mémoire de forme. La gestion de ce projet avait été transmise en 2003 à Michel Vergnat, enseignant-chercheur à l’IJL. Il en a retracé les principales réalisations et évoqué la continuité à travers les CPER 2007-2013, 2014-2020 et 2021-2027.
D’autres enseignants-chercheurs de l’IJL se sont ensuite succédés pour évoquer différents travaux et réalisations initiés par Patrick et poursuivis aujourd’hui au sein de 2 équipes de l’IJL : Nanomagnatisme et électronique de Spin et Micro et nanosystèmes.
Ainsi François Montaigne a évoqué le rôle moteur de Patrick dans la création de la toute première salle blanche de Nancy et son développement jusqu’à la mise en place d’une plateforme de 260 m2 dans les locaux de l’IJL sur le campus Artem.
Omar Elmazria a quant à lui présenté les travaux initiés par Patrick dans le domaine des dispositifs à ondes acoustiques de surface (SAW) avec, en 1999, le début de la recherche sur les SAW à base de diamant. La thématique s’est depuis élargie et, à l’IJL, on travaille aujourd’hui également sur les dispositifs SAW pour la microfluidique, les cristaux phononiques et métamatériaux, les nanocomposites et polymères piézoélectriques et les capteurs SAW. Ces derniers font l’objet d’un programme Impact LUE intitulé « Nano for sensors » (N4S).
Michel Hehn est revenu sur les travaux menés avec la société SNR, fabricant de roulements à billes instrumentés pour l’automobile, qui ont été récompensés par le Prix Yves Rocard 2010 de la Société Française de Physique. En effet, à l’initiative de Patrick Alnot, les chercheurs de l’IJL ont mis au point une nouvelle génération de capteurs magnétiques plus sensibles et moins énergivores, qui sont aujourd’hui testés dans divers systèmes mécatroniques au sein de SNR.
Jan Krüger, professeur à l’Université de la Sarre et à l’Université de Kaiserslautern, docteur Honoris Causa de l’UL, a clôturé cet hommage scientifique par une présentation sur la mesure de l’indice de réfraction en modulation de température. Il avait fondé avec Patrick Alnot un laboratoire franco-allemand-luxembourgeois « sans mur » préfigurant ainsi une vision transrégionale de la recherche. Cela leur a valu en 2005 le Grand prix interrégional de la recherche de la Grande Région pour le projet « Matériaux nanostructurés, micro-nanotechnologies : des recherches de pointe en Grande Région ».
Le mot de la fin est revenu à l’épouse de Patrick, Joëlle Lighezzolo-Alnot, professeure de psychologie clinique, qui a ensuite dévoilé une plaque dans la galerie de visite du tube DAUM de l’IJL, désormais baptisée Espace Patrick Alnot.
La journée s’est terminée autour d’un cocktail dans la salle de conférence de l’IJL, nouvellement dénommée Salle Patrick Alnot, où le chercheur Daniel Lacour a présenté le tableau Blue Waves, qu’il a réalisé pour cet espace à partir d’une image de microscopie de force magnétique.
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