L’industrie du futur vue par… la région Grand-Est

 
Publié le 11/02/2020 - Mis à jour le 13/02/2020

Factuel est allé à la rencontre de Jean Rottner, Président de la région Grand-Est, pour parler Industrie du Futur. Découvrez l'interview...

Du point de vue de la Région, de quoi parle-t-on quand on parle d'industrie du futur ?

« La Région Grand Est a cette chance et cette caractéristique d’être la deuxième région industrielle de France, avec plus de 16% des emplois concentrés dans l’industrie. L’industrie fait partie de notre patrimoine, de notre identité économique et sociale, de notre histoire. Je crois profondément que l’industrie a un avenir, en France et dans notre Région. Nous avons l’immense honneur de posséder, sur nos territoires, des entreprises d’excellence qui font la richesse de notre tissu économique. Je pense par exemple à ArcelorMittal, à Manoir Industries, à ThyssenKrupp ou encore à Saint-Gobain Pont-à-Mousson. L’enjeu aujourd’hui est de moderniser nos industries et de construire l’économie du futur : une économie compétitive, digitalisée, en réseau, et qui respecte notre environnement. C’est la raison pour laquelle nous avons mis en place notre plan pour l’Industrie du futur dès 2015 lors de la création du Grand Est. Il s’agit de soutenir la compétitivité industrielle et de développer l’attractivité du territoire ».

Quelles sont les principales actions de ce plan Industrie du futur ?

« Notre plan Industrie du futur se décline en plusieurs volets. Nous accompagnons concrètement entre 100 à 150 entreprises en croissance, par an, à devenir industries du futur. Cet accompagnement passe par la détection des entreprises susceptibles de pouvoir entrer dans la démarche et la mise en place d’un diagnostic de performance industrielle à 360°. Ce diagnostic, qui se déroule durant 2,5 jours en entreprise, est pris intégralement en charge par la Région. Il est réalisé par un groupement d’experts sélectionné par appel d’offre et porte sur les 5 axes suivants : la stratégie 4.0 et digitale ; la performance au niveau de l’outil de production ; l’utilisation des nouvelles technologies dans les outils de production (robotique, réalité augmentée, etc.) ; l'excellence environnementale (efficacité énergétique, management de l'énergie, gestion des déchets, etc.) ; le facteur humain (formation, amélioration des conditions de travail, etc.).

Les diagnostics sont systématiquement accompagnés d’un plan d’actions personnalisé assorti d’une évaluation de retour sur investissement permettant à l’entreprise de mesurer la pertinence de s’engager dans une démarche plus approfondie.

Ensuite, nous avons fait le parti d’accompagner sur mesure la transformation des entreprises et la mise en œuvre des préconisations du diagnostic via la mise en relation avec les structures ad hoc et la proposition d’accompagnements financiers à l’expertise/conseil et à l’investissement via un dispositif dédié.

Ensuite, nous avons développé une communauté des Leaders de l’industrie du futur, regroupant les chefs d’entreprises du territoire ayant engagé leur entreprise dans la démarche. L’objectif de cette communauté est d’échanger sur les principaux enjeux liés à l’industrie du futur et d’apporter un mentorat aux PME pour croître dans le cadre de l’industrie du futur. Près de 100 entreprises sont engagées dans cette dynamique, dont de grands groupes appartenant à la filière automobile : PSA, Punch Powerglide, Sew Usocome, Thyssenkrupp Presta France, etc. Plusieurs entreprises sont labélisées vitrines de l’industrie du futur par l’Alliance pour l’Industrie du Futur (AIF). Cette démarche est également saluée par les dirigeants, car elle permet, entre autre, de partager les expériences et de tisser de nouveaux réseaux régionaux.

En outre, nous participons à la détection des entreprises ou autres structures du territoire, appelées « offreurs de solutions » susceptibles d’offrir des solutions technologiques ou non technologiques aux entreprises industrielles pour gagner encore davantage en flexibilité et en connectivité. Près de 200 « Offreurs de Solution » sont à ce jour référencés. Dans le même temps, la Région a mis en place un Business Act pour identifier et valoriser les offreurs de solutions du Grand Est et les mettre en relation avec les entreprises, d’organiser et coordonner les actions de l’écosystème de l’Industrie du Futur à des fins d’efficacité, de cohérence et de lisibilité pour les entreprises ».

Dans le Plan régional Industrie du futur, il est question d'un Business Act. De quoi s'agit-il ?

« Pour répondre à votre interrogation, la Région a mis en place un Business Act pour identifier et valoriser les offreurs de solutions du Grand Est et les mettre en relation avec les entreprises, d’organiser et coordonner les actions de l’écosystème de l’Industrie du Futur à des fins d’efficacité, de cohérence et de lisibilité pour les entreprises.

Enfin, une fois par an à Mulhouse, nous organisons le salon régional BE 4.0 - « Industries du Futur » en partenariat avec Mulhouse Alsace Agglomération et la Ville de Mulhouse, sous le parrainage de l’Alliance pour l’Industrie du Futur. Il s’agit d’accueillir des exposants offreurs de solutions et de les mettre en relation avec des entreprises. Ce salon a par ailleurs une vocation tri-nationale puisqu’il se fait en coopération avec des entreprises allemandes et suisses ».

Avez-vous déjà des éléments sur les retombées de ces mesures ?

« Au final, à l’heure actuelle, près de 460 entreprises ont été accompagnées dans le cadre du plan industrie du futur de la Région Grand Est, dont 80% de PME. Près de 200 entreprises ont complètement achevé leur transformation pour plus de 300 millions d’euros d’investissement qui ont permis la création ou le maintien de plus de 56.000 emplois. La majorité de ces entreprises ont des projets en lien avec le numérique (projet d’ERP, de CRM, de GPAO...). Près d’un tiers des entreprises de la filière ont des projets en robotisation et automatisation de process existants (augmentation du rendement, suppression des tâches à faible valeur ajoutée, aide à la manutention). Et plusieurs entreprises s’intéressent à des procédés avancés tels que la fabrication additive.

Ce plan est une véritable réussite. Nous sommes aujourd’hui regardés comme la Région leader sur le sujet en France et en Europe. Il faut savoir que le Grand Est a été la seule région française a être sélectionnée par la Commission européenne pour le programme « transition industrielle » qui cible les Régions les plus avancées en matière d’industrie du futur.

Plus globalement, notre Région redevient largement attractive. Nous sommes une terre de conquête ! Une étude du Cabinet EY démontre en ce début d’année que nous sommes la deuxième Région pour les investissements étrangers et la première Région française en nombre d’emplois créés par les investissements étrangers (plus de 5.000 emplois). En 2018, 6 des 15 plus gros investissements industriels ont été réalisés dans le Grand Est. Cela démontre notre capacité d’attraction et de rayonnement. Continuons ainsi ! »

Qu'attendez-vous des acteurs régionaux dans ce contexte ?

« Cette bataille – de l’emploi, de l’innovation et de l’économie du futur – ne se gagnera que si l’ensemble des acteurs travaillent de concert : collectivités, universités, entreprises, centres de recherche, Etat, etc. Nous démontrons jour après jour notre capacité de réussir ensemble. Nous l’avons fait à travers le plan pour l’Intelligence Artificielle où je salue le travail des acteurs universitaires. Aujourd’hui, notre travail et notre ambition sont visibles par tous. C’est une vraie réussite ».