[Portrait de chercheurs] Laurette Piani : Un peu plus près des étoiles

 
Publié le 26/09/2019 - Mis à jour le 21/10/2019

Tout au long de l’année, La Semaine et l’Université de Lorraine vous proposent de rencontrer chaque mois les jeunes talents scientifiques qui portent haut les couleurs de la Lorraine dans le monde entier. Premier épisode de la série avec Laurette Piani, chargée de recherche CNRS au Centre de Recherches Pétrographiques et Géochimiques à Nancy.

Connaître les matériaux qui ont formé la terre et déterminer à quel point ils ont contribué à créer des conditions favorables à l’émergence de la vie sur notre planète pour pouvoir la préserver. Telle est la mission quotidienne de Laurette Piani, chercheure en cosmochimie.

Météorites, astéroïdes, étoiles, comètes… Cela pourrait être un champ lexical dédié à l’astronomie. Ou un inventaire à la Prévert. Il n’en est rien. L’étude des météorites, c’est avant tout le métier de Laurette Piani, chercheure en cosmochimie et chargée de recherche au Centre de Recherches Pétrographiques et Géochimiques (CRPG) à Nancy. Unité Mixte de Recherche (UMR) du CNRS et de l’Université de Lorraine, le CRPG regroupe des équipes travaillant dans le domaine des sciences de la Terre et des planètes. Il étudie la plupart des étapes de l’histoire terrestre depuis la formation du système solaire jusqu’à l’évolution de l’environnement actuel de notre planète. « La cosmochimie permet la compréhension globale du monde qui nous entoure », résume Laurette Piani. « J’ai fait des études scientifiques, j’étais plutôt forte en maths et en physique-chimie mais j’avais besoin d’un côté un peu plus nature. Je voulais me rapprocher de la nature et des étoiles. En clair, je souhaitais quelque chose de plus tangible que les équations. » C’est comme ça que la jeune chercheuse a intégré l’École Nationale Supérieure de Géologie puis le CRPG. « On s’intéresse à la composition chimique de roches et de poussières extra-terrestres. Ce qui nous apprend énormément sur la formation de notre système solaire et aussi sur la nature de la matière qui était présente lorsque la Terre s’est formée. »

Une Terre qui a vu émerger la vie il y a environ 4 milliards d’années et qu’il s’agit aujourd’hui de préserver. « Il faut que chacun en prenne conscience », souligne la jeune femme qui essaie de joindre le geste à la parole dans sa vie de tous les jours. « Par exemple, j’ai adhéré à une Amap* car je suis adepte des circuits courts, respectueux de l’environnement. » Pour Laurette, « c’est avant tout une histoire de responsabilité individuelle. Au Japon où j’ai vécu pendant trois ans, elle y est d’ailleurs beaucoup plus forte qu’en Occident. En Asie, il est primordial pour chacun de tenir compte du préjudice que l’on peut causer à l’autre. » Une notion de responsabilité prégnante au sein du laboratoire où la jeune femme officiait. « Les étudiants, dès leur 3e année de cursus universitaire, sont plus impliqués dans l'organisation des laboratoires de recherche qu’en France. C’est un état d’esprit qui est ancré à tous les niveaux de la société. » Une expérience qui ne l’a pas empêché de revenir sur sa terre lorraine d’adoption. Picarde d’origine, Laurette est devenue, par la force des choses, très attachée au territoire, en particulier à Nancy. « Une cité qui bouge, bien dans l’air du temps mais qui sait aussi se reposer et préserver son poumon vert, à l’image des nombreuses forêts qui l’entourent et où j’aime courir et me ressourcer. » Une ville universitaire qui lui a aussi donné l’envie d’y construire sa vie privée – Laurette est maman d’un petit garçon de huit mois – et l’opportunité de poursuivre ses recherches. « Avec des équipements de pointe**, présents uniquement pour la France au sein du Centre de Recherches Pétrographiques et Géochimiques. » Pour être encore un peu plus près de (ses) étoiles.

Rendez-vous le 24 octobre pour découvrir le prochain portrait réalisé à Metz.

*Association pour le maintien d’une agriculture paysanne.

**Des sondes ioniques, machines permettant d’extraire de la matière à l'échelle du centième de millimètre d'une roche et d'en mesurer la composition chimique. De là sont déterminées les compositions des minéraux des météorites.

Cet article a été publié dans La Semaine le jeudi 26 septembre 2019.