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[Conférence] Edison : Le magicien de la technique – Premier volet : Le génie en action


Temps de lecture : 6 minutes

Informations pratiques

Localisation : Campus de sciences et technologies Amphithéâtre n°8 Vandœuvre-lès-Nancy
Date de début : 14/03/2026 14:30 Date de fin : 14/03/2026 16:30

Au premier semestre de l’année 2026, Arnaud Fischer vous convie à un programme en deux parties, intitulé « Edison : Le magicien de la technique ». 

Le premier volet, baptisé « Le génie en action », sera proposé le vendredi 6 mars à 20h et le samedi 14 mars à 14h30, en amphithéâtre n°8 du campus de sciences et technologies de Vandœuvre-lès-Nancy.

L’entrée sera gratuite dans la limite des places disponibles ; la réservation électronique à l’adresse «  arnaud.fischer@univ-lorraine.fr » est obligatoire. Les inscriptions seront possibles à compter du 25 février 2026.

Ce premier volet fera par ailleurs l’objet d’une visioconférence sur inscription, le mercredi 18 mars à 20h.

Les informations relatives au second volet, intitulé « Le temps des batailles », sont accessibles en ligne.

Le résumé de l’ensemble du programme en deux parties est le suivant :

« Dans une Amérique en pleine conquête de son territoire, le développement des transports et des communications coïncide avec la carrière du génie à qui sont dus quelques-uns des piliers technologiques actuels. Vendeur de journaux dans les trains à l’âge de douze ans, autodidacte en chimie et en physique, virtuose de la télégraphie – ainsi qu’en témoigne son judicieux système permettant la réception de messages pendant ses siestes –, Edison transforme en atout jusqu’à sa précoce surdité partielle, et améliore divers dispositifs suscitant l’intérêt de la Bourse. L’expérimentateur qui, rompu au code Morse, surnomme deux de ses enfants « point » et « trait », fait passer son travail avant tout. S’il peine à saisir le phénomène des ondes électromagnétiques chères à Hertz, ou encore l’effet qui, paradoxalement, porte aujourd’hui son nom et a permis l’avènement de l’électronique moderne, Edison livre au monde entier une version perfectionnée du tout récent téléphone de Bell.

Fondateur, à Menlo Park, d’un creuset expérimental annonçant nos laboratoires de recherche et développement, épaulé par quelques jeunes collaborateurs d’exception dans une atmosphère conviviale, le trentenaire se mue en inventeur frénétique – il déposera mille quatre-vingt-treize brevets sur le seul territoire américain. Pour ce tempérament enthousiaste, l’échec n’a rien de négatif : il indique simplement une voie dans laquelle il conviendra de ne plus s’entêter, ce que reflète l’aphorisme apocryphe « le génie est fait d’un pour cent d’inspiration et de quatre-vingt-dix-neuf pour cent de transpiration ». Force est de constater qu’Edison ne ménage pas sa peine : dans un siècle qui a vu la photographie dépasser la peinture en matière de capture d’image, il offre à ses contemporains l’enregistrement de la voix. Le phonographe assure la gloire à son concepteur, qui, convaincu du rôle promis à l’électricité au quotidien, se penche également sur la transmission de l’énergie à distance, permise par la dynamo, et parvient, grâce à l’ampoule électrique, à « diviser la lumière », quand nombre de ses prédécesseurs ont échoué. De l’actrice Sarah Bernhardt en visite, au richissime John Pierpont Morgan, qui, le premier, équipe sa résidence new-yorkaise de lampes à incandescence, les plus grands noms de la fin du dix-neuvième siècle saluent la réussite d’Edison.

Centrales, réseaux de distribution, câbles aériens puis souterrains… le paysage de Manhattan se métamorphose sous la baguette du sorcier qui illumine rues, commerces, théâtres et filatures, et relaie la « fée électricité » de congrès scientifiques en expositions universelles. Instigateur de la première usine hydroélectrique, Edison doit toutefois plier face à ses concurrents adeptes du courant alternatif : l’aménagement des chutes du Niagara n’aurait pu être assuré par son cher courant continu. Au sein du gigantesque complexe industriel de West Orange, le bourreau de travail et ses fidèles associent l’élaboration à la production. Parfois trop désinvolte, Edison ne parvient pas à s’attacher les talents d’un autre cerveau de son temps,  légitimement vexé de n’avoir pas été rétribué à sa juste valeur : Tesla démissionne pour offrir ses services à Westinghouse. Une authentique « guerre des courants » oppose le jeune Croate, devenu complice du magnat du rail, aux sbires d’Edison, qui ne reculent devant aucune électrocution publique d’animaux pour alerter l’opinion des supposés dangers de la technologie alternative. Tesla, lui, charme un auditoire raffiné de riches aficionados en organisant de spectaculaires mises en scène durant  lesquelles l’électricité traverse son corps, preuve de son innocuité pour qui sait la maîtriser. C’est dans cet étonnant contexte que les scientifiques américains se retrouvent impliqués dans la mise au point de la redoutable chaise électrique…

En 1893, si Tesla et Westinghouse triomphent en éclairant de leurs ampoules l’exposition colombienne de Chicago, Edison y dévoile au public son kinétoscope, héritier des initiatives pionnières de Marey et Muybridge. L’appareil subira la concurrence du cinématographe Lumière, tout comme les cylindres du phonographe devront céder la place aux disques de Berliner, mais Edison ne renonce pas pour autant à la réalisation de courts-métrages montrant tant la Carmencita que Buffalo Bill, et dote son laboratoire d’un authentique studio. Un an avant sa mort, il se verra décerner un oscar d’honneur pour sa contribution à l’histoire du cinéma. Comme Tesla et Roentgen, il se passionne pour la radiographie naissante, mais les dangers des rayons X le dissuadent de toute recherche plus poussée. Ce sont en revanche dix laborieuses années qu’Edison consacre à l’enrichissement de minerai et à l’industrie du béton. Sur les conseils de Ford, son ancien employé devenu l’un de ses plus proches amis, l’infatigable inventeur va jusqu’à tenter ponctuellement l’aventure de la voiture électrique.

Au fil des décennies, Tesla, lui, met en œuvre des installations toujours plus extravagantes pour des résultats hasardeux. Son inventivité débordante est desservie par de rocambolesques déclarations, et le père de l’alternateur polyphasé ne se voit pas plus que son rival décerner le prix Nobel. La reconnaissance institutionnelle d’Edison viendra de son engagement patriotique durant le premier conflit mondial. Comblé d’honneurs à la fin de son existence, le patriarche s’accorde de joyeuses excursions estivales en compagnie de Ford, déjà à la tête d’une florissante industrie automobile, mais également de Firestone, grand nom des pneumatiques. La même presse qui relaie leurs périples et les immortalise par la photographie se masse, à l’automne 1931, devant la fastueuse résidence de Glenmont, où le plus célèbre des Américains s’éteint à l’âge de 84 ans. Par un saisissant effet de contraste, Tesla mourra seul, douze ans plus tard, dans la chambre d’hôtel où il aura élu domicile. Ombre et lumière… Ainsi pourraient être évoqués les destins croisés de Tesla, génie fantasque, chagrin et incompris, et d’Edison, découvreur pragmatique et inépuisable, dont l’éternel optimisme aura tout fait rayonner autour de lui ! »