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Informations pratiques
AMI ORION 2025 – ARCHEOLOGIE DES ARTS TEXTILES – 10, 12 et 13 novembre 2025
Démonstrations/Ateliers/Exposition autour de l’archéologie des textiles et du tissage
Pour appréhender les techniques de tissage des premiers artisans, les archéologues étudient et interprètent les traces des vestiges mis au jour au cours de fouilles.
L’expérimentation, quant à elle, permet de retrouver la gestuelle et les techniques utilisées. Il s’agit de remonter le temps où la précision du geste côtoie l’intelligence des matériaux et des outils.
Plusieurs démonstrations seront réalisées par une équipe d’archéologues sur le campus de l’Institut National Supérieur du Professorat et de l’Éducation d’Épinal (INSPE). Ces interventions hors du temps autour des arts textiles ont pour objectif de permettre aux étudiants de découvrir voire d’expérimenter les multiples aspects de la recherche expérimentale en archéologie, et au-delà le cheminement qui conduit du fil à la pièce de tissu.
Les travaux effectués dans l’Est de la France seront restitués au travers d’une exposition documentée qui met en relief l’artisanat lié au tissage, couvrant une période qui s’étend de la Préhistoire à la Protohistoire et une partie Moyen-Âge. Les réponses apportées sont le résultat de nombreuses années de recherches, de tâtonnements et d’expérimentations.
Les archéologues investis dans ce projet travaillent sur des problématiques liées à l’expérimentation archéologique des matériaux, à l’origine à partir des travaux du CEPA (Centre Expérimental de Préhistoire Alsacienne), de l’Association nationale ERMINA (Équipe Interdisciplinaire d’Études et de Recherches Archéologiques sur les Mines Anciennes et le Patrimoine Technique et Industriel) le CRAMV (Centre de Recherche Archéologique du Mont-Vaudois) ainsi que de plusieurs laboratoires.
L’origine des premières formes de tissage apparaissent lorsque les populations ont commencé à entrelacer de l’herbe, des tiges et des branches d’arbres pour fabriquer des paniers, des abris mais aussi des filets pour la pêche. Sur le site archéologique de Çatalhöyük en Anatolie (Turquie), les tissus mis au jour témoignent de l’existence de textiles datant d’environ 6 700 – 6 500 BC.
Dans l’Est de la France, le tissage apparaît avec les premières sociétés d’agriculteurs éleveurs du Néolithique, il y a 6 000 ans environ avant notre ère. Le tissage était une activité élaborée, complexe, dont la chaîne opératoire, depuis la production des fibres et leur transformation jusqu’à la fabrication de l’étoffe, suppose une connaissance et une maitrise approfondie des matériaux et des techniques.
Le principe du métier à tisser vertical apparait au Néolithique ; les fils de chaînes étaient lestés au moyen de pesons en pierre ou en terre, des artefacts qui sont mis au jour dans les fouilles archéologiques.
Depuis l’aube des temps, les populations ont utilisé à la fois des matières d’origine végétale et/ou animale. Les tiges des plantes récoltées, comme le lin ou l’ortie, devaient être rouies, brisées, peignées. Les fibres d’origine animales (laine et les poils) après récolte étaient triées, lavées, cardées, peignées. La torsion manuelle puis le filage au fuseau permettaient de transformer les fibres textiles en un fil solide : le fuseau équipé de sa fusaïole : souvent le seul témoin conservé dans le sol.
Le tissage consiste à entrecroiser des fils tendus appelés la chaîne, avec un fil libre et continu la trame placée sur une navette.
La technique du tissage aux tablettes ou « tablet weaving » était utilisée pour confectionner des sangles, des galons, ou des lisières décoratives …. Des plaquettes perforées de bois, d’argile ou d’os de différentes formes géométriques étaient utilisées. La chaîne passe par les perforations des tablettes.
Cette technique complexe a été fortement développée à l’Âge du Fer, on la retrouve au Moyen-Âge dans de nombreuses enluminures d’ouvrages religieux.
Programme :
Lundi 10 octobre – Conférence d’ouverture 10h30 – 12h00
Suivre le fil : savoir-faire, histoire et conditions des brodeuses à la fin du XIXe siècle dans les Vosges saônoises.
Par Martine Aubry, archéologue, responsable des collections à l’Écomusée de Fougerolles-Saint-Valbert.
Cette conférence sera illustrée d’interventions à partir de caméra numérique : à la découverte de la multiplicité des textiles : dentelle à l’aiguille, au crochet, tricot, broderies diverses, filet… jusqu’au feutre pour aborder la différence entre broderie et dentelle, passage des fils ou entre mêlement, nature des fils coton, lin, laine ou synthétique…
Mercredi 12 octobre 2025 9h00-12h00 – 13h30-16h30
Matin : Exposition – Archéologie des textiles
Une exposition autour de la recherche en archéologie expérimentale sur l’origine et le développement des arts textiles. Seront en particulier évoqués et présentés : le métier à tisser vertical (Néolithique) ainsi que le métier à tisser aux tablettes « tablet weaving » (Âge du fer, Moyen-Âge). Cette exposition réalisée par une équipe d’archéologues, comporte plusieurs panneaux, des vitrines et une installation temporaire reconstituée d’un atelier de tisserand néolithique.
L’après-midi : ateliers à destination des étudiants
Ateliers participatifs et coopératifs
Initiations à l’art du fil et du tissage à travers des techniques ancestrales anciennes et traditionnelles : tissage au métier en bois, tissage à la lucette, tissage japonais Kumihimo, tissage mandalas, tissage sur métier Tissanova. Un voyage dans le temps où chacun.e peut expérimenter les gestes d’autrefois !
Ces ateliers ont pour objectif de transmettre quelques connaissances pratiques autour du tissage et de réaliser concrètement plusieurs productions à partir de techniques et de supports simples qui pourront être directement réinvestis sur le plan pédagogique à destination de public scolaire.
Jeudi 13 octobre 9h00-12h00 – 13h30-16h30
Matin : Un cycle de causeries/conférences – Démonstrations et échanges avec les étudiant·es sur les thèmes suivants :
Tisser le temps : évolution des savoir-faire, du métier vertical au « tablet-weaving ». Par Hélène Morin-Hamon, archéologue (UMR CNRS TRACES – Toulouse). Démonstration et échanges avec le public à partir du métier vertical et d’un métier dédié au tissage aux tablettes.
Paysans, bâtisseurs, inventeurs : Il y a 6 000 ans… L’Europe au temps du Néolithique.
Démonstration et échanges à partir d’artefacts reconstitués d’après les fouilles. Par Denis Morin, archéologue (SAMA – Université de Lorraine)
L’après-midi : ateliers à destination des étudiants
Ateliers participatifs et coopératifs
Les ateliers seront animés encadrés par une équipe d’enseignants et d’enseignants-chercheurs investis dans une démarche d’Éducation Nouvelle.
- Martine Aubry (archéologue, responsable des collections du musée de Fougerolles St. Valbert – Haute-Saône)
- Armelle Courgey (Institut Coopératif de l’École Moderne – GVEM)
- Mathieu Courgey (Institut Coopératif de l’École Moderne – GVEM)
- Marie-Clotilde Etienne (Institut Coopératif de l’École Moderne – GVEM)
- Manon Kern, (illustratrice, fileuse)
- Aurélie Leduc (Institut Coopératif de l’École Moderne – GVEM)
- Hélène Morin-Hamon (archéologue UMR CNRS TRACES – Toulouse)
- Denis Morin (archéologue, SAMA, Université de Lorraine)
- Jim Petit, (artiste sonore)
L’équipe du projet dans la cadre de l’Appel à manifestations scientifiques et ludiques ORION 2025 : Mathilde Benmerah, Armelle et Mathieu Courgey, Hélène Morin-Hamon, Denis Morin, Marie Clotilde Etienne.
Cet événement est soutenu par le programme ORION : Osez la recherche !
