Temps de lecture : 4 minutes
Depuis son doctorat à l’Université de Lorraine, Francisco Ruiz poursuit la même ambition : mettre au point un matériau isolant à la fois performant et respectueux de l’environnement. Pari tenu. Aujourd’hui, le docteur et entrepreneur est fondateur de Keey Aerogel, une start-up pionnière dans la fabrication d’aérogels écologiques à partir de déchets de construction, une première mondiale.
Des débuts entre laboratoire et entreprise
Originaire d’Espagne, Francisco Ruiz rejoint ENSIC pour réaliser un doctorat CIFRE dans l’entreprise Separex spécialisée dans les fluides supercritiques.« Mon sujet de thèse portait déjà sur les aérogels», raconte-t-il. Son sujet de thèse était le suivant : « Étude de l’élaboration de matériaux à très haute porosité par des procédés mettant en œuvre des fluides supercritiques. »
Cette expérience nourrit une conviction : il est possible de faire mieux. Lorsque la société qui l’employait est rachetée par un groupe hollandais, Francisco décide de voler de ses propres ailes. En 2015, Keey Aerogel voit le jour.
Une technologie née… dans une cuisine
Les débuts sont modestes. « J’ai littéralement commencé dans ma cuisine, à faire de la chimie. », sourit-il. Dix ans plus tard, Keey Aerogel s’apprête à lancer sa première unité de production industrielle.
La société s’est installée à Mulhouse, un choix stratégique au cœur d’un écosystème industriel favorable. Aujourd’hui, l’entreprise compte 17 collaborateurs, dont des docteurs issus de l’Université de Lorraine.
Une innovation de rupture
Les aérogels développés par Keey Aerogel se distinguent par leur procédé de fabrication continu, une première mondiale dans ce domaine. Alors que la plupart des fabricants, basés en Chine ou aux États-Unis, utilisent des procédés batch longs et énergivores, la jeune entreprise française a mis au point une technologie capable de produire en continu.
Autre particularité, Keey Aerogel utilise des déchets de la construction comme matière première. Cette approche rend la production plus écologique, plus efficace et beaucoup plus locale. L’aérogel ainsi obtenu est destiné entre-autres à l’isolation thermique du bâtiment. Il est ajouté comme additif à des matériaux existants pour améliorer leurs performances énergétiques.
Des récompenses en série
Depuis sa création, Keey Aerogel s’est distinguée à de nombreuses reprises. Lauréate en 2014 du concours de l’Étudiant Entrepreneur Innovant organisé par l’incubateur SEMIA, la start-up a ensuite remporté le Prix du public au World Materials Forum en 2017. En 2021, elle a obtenu le prestigieux label Solar Impulse Foundation, qui distingue les « 1000 solutions pour changer le monde ». L’année suivante, Keey Aerogel a intégré le programme French Tech Green20, qui recense les vingt entreprises françaises les plus prometteuses dans le domaine des technologies vertes.
En 2025, Francisco Ruiz a ajouté une nouvelle ligne à ce palmarès : Scale-up de l’année région Est, dans le cadre du Prix de l’Entrepreneur de l’année EY. « Ces prix sont avant tout une reconnaissance du travail de toute l’équipe », souligne-t-il. « Ils nous offrent de la visibilité, des opportunités et une crédibilité supplémentaire au niveau national et international. »
De la science à l’entrepreneuriat
De la recherche à l’entrepreneuriat, Francisco Ruiz retient avant tout une leçon : il faut oser. « Il ne faut pas avoir peur de se lancer ». Aujourd’hui, l’entreprise qu’il a fondée s’impose comme un acteur clé de la transition énergétique et de l’innovation
