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280 jeunes scientifiques. 56 nationalités. La 8 édition des rencontres Lindau Nobel s’est déroulée du 26 au 30 août derniers à Lindau (Allemagne). Tara L’Horty, doctorante au BETA (Unistra, INRAE, Université de Lorraine) a été pré-sélectionnée par l’Université de Lorraine et soutenue par le réseau UDICE pour y participer. Elle partage avec nous son expérience.
Pouvez-vous vous présenter et quels sont les critères de sélection pour participer à ces rencontres ?
Tara L’Horty : « Je suis doctorante en deuxième année en économie à l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (INRAE), au Bureau d’économie théorique et appliquée (BETA) et la Chaire Économie du Climat (CEC). Ingénieure agronome de formation, titulaire d’un master en économie, mes recherches portent sur l’efficacité et la conception des instruments de marché pour financer des projets liés aux solutions fondées sur la nature et à l’usage des terres. Ma thèse s’intéresse plus particulièrement au fonctionnement et aux dynamiques de la demande sur les marchés volontaires du carbone, en analysant comment les asymétries d’information, le comportement des acheteurs et les cadres réglementaires influencent les résultats du marché et l’intégrité environnementale.
La sélection pour participer aux rencontres se fait en deux étapes : d’abord par l’institution nominatrice, sur la base du dossier académique et scientifique (travaux de recherche, participation à des événements scientifiques, lettres de recommandation), puis par le conseil de la Fondation Lindau. Les candidat·e·s doivent être prometteur·euse·s et capables de contribuer activement aux échanges avec les lauréat·e·s du prix Nobel ainsi qu’avec les autres jeunes chercheur·euse·s. Le détail des critéres est disponible sur leur page internet. »
Quel est le principe des rencontres Lindau Nobel ?
Tara L’Horty : « Les Rencontres de Lindau reposent sur trois piliers : Éduquer, Inspirer, Connecter.
Connecter : non seulement avec les prix Nobel, mais aussi entre jeunes chercheur·euse·s de 56 nationalités différentes cette année. Les discussions ont porté sur nos parcours doctoraux, la place des sciences économiques, le contexte géopolitique actuel ou encore nos projets de recherche. Comme l’a résumé la doctorante Unathi Thango dans son discours de clôture : « si chacun·e portait une bougie de curiosité intellectuelle, nous avons passé une semaine à allumer mutuellement nos flammes jusqu’à ce que toute la salle s’embrase de passion partagée ».
Éduquer : grâce aux conférences données par les prix Nobel – cette année, 22 lauréats étaient présents. Chacun dispose d’une trentaine de minutes pour présenter un sujet de prédilection ou un projet de recherche en cours. Ces présentations sont enrichies par des tables rondes thématiques réunissant plusieurs lauréat·e·s et invité·e·s. Par exemple, la session d’ouverture a réuni Steven Chu, Mario Draghi, Thomas Schafbauer, Jean Tirole et Maria Leptin autour du thème Research and Innovation in a Tripolar World.
Inspirer : à travers de nombreux échanges, formels lors des sessions scientifiques ou informels pendant les pauses café, les repas, ou encore une sortie en bateau sur l’île aux mille fleurs de Mainau. Ces moments favorisent des discussions authentiques, humaines et stimulantes. »
Qu’est-ce qui vous a marqué au cours de cette semaine PASSEE aux côtés des prix nobel ?
Tara L’Horty : « Cette semaine a été riche en moments extraordinaires. J’ai eu le privilège de partager un déjeuner avec Joseph Stiglitz, en discutant des mutations géopolitiques et des asymétries d’information sur les marchés carbone. Lors d’un panel consacré au changement climatique, j’ai pu poser mes questions et engager un dialogue enrichissant avec Steven Chu. J’ai également discuté économétrie avec Joshua Angrist, exploré l’évolution de la théorie des jeux avec Roger Myerson, et même échangé quelques plaisanteries avec James Heckman lors d’une sortie en bateau. Les dîners avec Bengt Holmström ou David Beasley ressemblaient davantage à des retrouvailles amicales qu’à des événements académiques formels.
Mais ce qui m’a le plus marquée, c’est l’humilité de ces géants intellectuels : jamais leurs immenses accomplissements n’ont créé de distance. Nous étions simplement des scientifiques parmi d’autres, partageant nos doutes, nos difficultés, nos enthousiasmes. Une leçon de simplicité et d’humanité, valable aussi bien de la part des lauréats que de celle des jeunes chercheur·euse·s.
En conclusion, je tiens à rappeler que l’appel à nominations pour la 75e Rencontre interdisciplinaire des lauréat·e·s du prix Nobel à Lindau, qui se tiendra du 28 juin au 3 juillet 2026, est désormais ouvert. J’encourage vivement mes collègues doctorant·e·s et post-doctorant·e·s à postuler : l’Université de Lorraine, via UDICE, est institution nominatrice. C’est une opportunité exceptionnelle ! »
EN SAVOIR PLUS SUR LES RENCONTRES LINDAU NOBEL
Créée en 1951, cette rencontre vise à favoriser un échange intergénérationnel, interdisciplinaire et interculturel entre lauréats et jeunes scientifiques engagés dans les grandes transitions de demain.
Une délégation française coordonnée par UDICE
La France sera représentée par 14 jeunes chercheurs et chercheuses, sélectionnés dans le cadre d’un appel national coordonné par UDICE, le réseau des universités françaises intensives en recherche, en lien avec les établissements suivants :
- Université de Strasbourg
- Université Côte d’Azur
- Université Claude Bernard Lyon 1
- Université de Montpellier
- Chimie Paris – PSL
- Institut Polytechnique de Paris
- Université de Lorraine

