Mobilités douces : une (r)évolution sociétale qui va transformer le tissu urbain

 
Publié le 24/10/2017 - Mis à jour le 10/05/2023

Les déplacements urbains constituent aujourd’hui une préoccupation majeure et quotidienne pour tous les acteurs de la ville, quel que soit leur rôle. En effet, bien qu’ils soient en général brefs – la distance de déplacement en ville n’excède que rarement quelques kilomètres –, ils ont néanmoins un impact sociétal considérable. En effet, l’emploi de la voiture, fusse pour des trajets réduits, se traduit par une forte contribution aux pollutions atmosphériques – Santé Publique France estiment à 50.000 morts prématurées par an le coût humain de ces pollutions – et au réchauffement climatique – le Commissariat général au développement durable estime à 38 % la part des émissions de CO2 liée au transport routier –.

Ainsi, toutes les sources et toutes les études le montrent : ces déplacements en voiture sur de courtes distances ont un coût humain et écologique particulièrement important, et encore sous-évalué dans l’esprit de nombreux citoyens, qui n’ont longtemps eu comme référence que le prix (réduit) des énergies fossiles. Désormais, tous les indicateurs le mettent en évidence : dans le transport et notamment pour ces brefs mais fréquents déplacements urbains, il est urgent d’opérer une transition écologique et énergétique.

Le recours aux « mobilités douces » et décarbonées – marche à pied, vélo, micro-mobilités, voitures électriques, pour citer les plus développées –, en plein essor, est donc aujourd’hui plus qu’une alternative. Cela devient une « ardente obligation ».

Mais l’on sait que toute évolution du tissu urbain soulève de fait des questions, d’autant que la transition ne peut être qu’un phénomène progressif. Il faut donc non seulement imaginer une nouvelle organisation de l’espace public, mais également les modalités de basculement de la situation actuelle à la future. Parmi les enjeux d’ores et déjà identifiés dans ce débat, voici ceux qui ont fait l’objet de la discussion entre nos intervenants – entrepreneurs et acteurs du changement.

Un premier axe de réflexion porte sur le visage et l’organisation de la ville de demain. Aujourd’hui fortement structurée par la circulation automobile – 70 % de l’espace urbain est dédié à la voiture –, comment faire évoluer la ville pour qu’elle accueille une diversité de moyens de déplacements, régis par des règles différentes, mais partageant un même espace ? Pour le dire autrement, il n’est pas trivial de faire cohabiter des voitures et des transports en commun, dont la vitesse de déplacement est de l’ordre de 50 km/h, avec vélos, trottinettes évoluant plutôt à 25 km/h et piétons se déplaçant à 6 km/h en moyenne. L’équation est d’autant plus complexe que l’aménagement urbain doit non seulement prendre les véhicules eux-mêmes dans leur déplacement et leurs interactions, mais aussi toutes les infrastructures nécessaires (stationnement, par exemple), sans perdre de vue l’ambition de redynamisation des commerces de proximité.

Un deuxième enjeu est naturellement celui de la sécurité, d’autant plus important dans l’optique d’une cohabitation entre ces différents modes de déplacement. Il faut alors s’interroger sur la façon la plus adaptée et la plus efficace de sensibiliser et de former chaque utilisateur, chaque « conducteur » d’un nouveau genre à la sécurité, à la fois pour eux et pour l’ensemble des usagers. Cette dimension peut – et doit probablement – être envisagée lors de l’acte d’achat, mais également durant tout le temps de l’usage, quelles qu’en soient les modalités (sorties ludiques encadrées par des professionnels, sensibilisation à tout âge...).

Enfin, troisième thème directement lié à la mobilité électrique, il faut prendre en compte dès l’origine la question environnementale des « énergies grises » - liées aux émissions de CO2 lors de la fabrication des batteries –, ainsi que le recours qu’elle induit à des ressources stratégiques – le lithium, par exemple, dont on sait qu’il n’est actuellement pas recyclé pour des raisons économiques. Se posent alors les questions classiques dans les approches de type « économie circulaire » : comment « rentabiliser » au mieux les ressources employées, comment optimiser l’usage – par le partage, par la location... –.
 

Chacun à leur manière, nos intervenants - entrepreneurs et acteurs du changement - ont apporté leur vision, des éléments de réflexion et de réponse.

"Gyro Rider propose des balades et des animations en gyropode Segway en Lorraine depuis plus de trois ans. Nous sommes fiers d'avoir fait "gyrorider" plus d'un millier de personnes et nous passons maintenant à la vitesse supérieure en ouvrant un shop qui propose des produits d'électro-mobilité à la vente, ainsi que des accessoires pour la sécurité. Conseil, information, initiation et formation feront partie de la mission que nous souhaitons remplir dans la bonne humeur et la convivialité.

L'éco-mobilité est une nécessité qui doit devenir accessible à tous et nous entendons faciliter l'accès aux modes de déplacement doux dans la Métropole du Grand Nancy. J'espère que ma participation à la table ronde du Brunch a pu éclairer la lanterne de ceux qui souhaitent participer à l'évolution de nos transports pour qu'ils soient plus écologiques, plus économiques, plus pratiques tout en respectant le partage de l'espace publique et la sécurité de chacun. » Marie-Julie BARBIER, Cheffe d’entreprise, Gyro Rider.
 

« Cabinet d'étude en veille, l’équipe de Wifi-Lorraine a développé divers projets : conception de réseaux wifi à grande échelle, réalisation de système de télétravail ou téléprésence robotique. La décentralisation de données, le blockchain (mécanisme à la base de la crypto-monnaie), l’humanité numérique et l’ultra-mobilité ‎sont nos domaines de prédilection.

Autant d'un point de vue technique, scientifique ‎ou humain, ce Brunch a permis de faire se rencontrer des personnes formidables et d’engendrer des interactions pertinentes. Ce rendez-vous a souligné la nécessité de légiférer rapidement sur la mobilité douce et l'ultra-mobilité. Il est urgent d’organiser des points d'information et de formation.

D'ici 5ans, nous pourrions imaginer une solution équivalente à Vélo Stan sur le territoire de la Métropole du Grand Nancy… telle qu’une trottinette électrique «  Trott n' Stan ». Outil intergénérationnel accessible à tous en quelques instants puisque les analystes ont observé qu'il est plus facile de faire de la trottinette que du vélo.

La mise à disposition gratuite de trottinette par les pouvoirs publics et les gestionnaires de parcs de stationnement permettrait d'anticiper l'élargissement obligatoire des zones piétonnes. La trottinette électrique ou à hydrogène sera peut-être l'avenir du déplacement en zone métropolitaine. » Julien OMER, fondateur, Wifi-Lorraine.

 

Pour tout renseignement complémentaire, contactez Morgane STEFAN : morgane.stefan@univ-lorraine.fr ou à l'adresse suivante : lebrunch-contact@univ-lorraine.fr

Article rédigé collaborativement par Thierry DAUNOIS, Heathcliff DEMAIE et Morgane STEFAN.
Dessins réalisés par Catherine CRÉHANGE, Illustratrice de propos.