Des étudiants restaurent des géants de plâtre

 
Publié le 16/10/2017 - Mis à jour le 5/05/2023

Disparues après la Première Guerre Mondiale, vingt statues en plâtre, copies grandeur nature d’œuvres classiques grecques, sont de retour à l’université. Des étudiants en histoire de l’art, patrimoine et archéologie ont entrepris leur restauration.

Nous sommes loin du Louvre, mais c’est bien la Vénus de Milo que Violette, étudiante en licence 3 d’histoire de l’art, est en train de dépoussiérer avec un petit pinceau et un aspirateur. Ou plutôt sa copie en plâtre, grandeur nature. Si elle n’était inscrite de tags et recouverte de plusieurs couches de peinture blanche, le profane se laisserait sans doute surprendre. « Après le dépoussiérage, je nettoierai la peinture avec une éponge très peu humide. Les produits et outils qu’on utilise dépendent du nombre de couches de peinture. »

Avec une dizaine d’autres étudiants, Violette participe à ce stage de restauration, encadré par Florence Godinot, conservatrice-restauratrice agréée des Monuments historiques, et initié par Sandrine Huber, Professeur en archéologie et directrice du Musée archéologique de l’université de Lorraine à Nancy.

Un trésor disparu

« Paul Perdrizet, gendre d’Émile Gallé et premier détenteur de la chaire d’archéologie, inaugure en 1904 un musée archéologique, composé de plus de 450 copies en plâtre de sculptures grecques et d’objets originaux », rappelle Sandrine Huber. Après les bombardements de 1918, on pensait que l’ensemble des pièces du musée avait été détruit. Mais vingt rescapés ont été retrouvés dans les locaux de l’École nationale supérieure d’art et de design de Nancy.

« Au départ, ce sont des moulages dédiés à la pédagogie. Les étudiants avaient ainsi un accès aisé aux objets de leurs études. Cette pratique a été remplacée ensuite par l’utilisation de photographies. »

La renaissance de ces sculptures poursuit, elle aussi, une visée pédagogique. D’abord, en permettant à des étudiants de procéder à leur restauration. En effet, inscrites de tags, souvent recouverts aussi par de multiples couches de peinture, elles doivent faire l’objet de gestes méticuleux. Dépoussiérage au pinceau, nettoyage à la brosse à dent ou à la pierre ponce, les étudiants découvrent les différentes techniques de restauration.

Une première expérience passionnante

Manon, en licence d’archéologie, et Jordan, en histoire de l’art, s’attaquent à la consolidation d’un panneau représentant la naissance de Vénus. Le plâtre comportant des fissures, ils renforcent l’armature en bois qui le fonde. Tous deux participent au stage pour des raisons différentes. Jordan aimerait poursuivre des études dans la restauration statuaire et Manon est encore en recherche. C’est pour elle l’occasion de découvrir de nouvelles disciplines, de nouvelles voies et de sonder sa motivation.

Dans une autre salle, Anxhelo, étudiant en master 1 d’archéologie, est concentré sur une caryatide de 2,20 mètres de haut, accompagné par Théo, en licence 2 d’histoire de l’art et archéologie, qui gère l’ambiance musicale. Albanais, c’est la cinquième année qu’il passe en France pour suivre ses études en archéologie. « J’aime bien le terrain. J’ai déjà participé à des missions de post-fouilles, où je nettoyais les outils… J’ai aussi restauré des photos pour un musée… Mais c’est la première fois que je fais de la restauration sur des statues. De toute façon, les techniques de restauration sont importantes, on les utilise aussi pendant les fouilles ».

Anastasia, Amélie et Justine s’attaquent à des graffitis. Tâche difficile, puisqu’il ne faut pas abimer le plâtre. « Nos études sont assez théoriques. C’est agréable de pouvoir être en relation direct avec des objets et avec des gestes professionnels. »

Une fois restaurées, ces statues enrichiront la collection du Musée archéologique de l’université de Lorraine. « Nous souhaitons qu’elles retrouvent leur fonction pédagogique, souligne Sandrine Huber, mais pour tous les étudiants du campus Lettres et Sciences humaines et de l’Université de Lorraine. Nous allons donc les installer dans différents endroits, comme la BU et la Maison de l’Étudiant, et les accompagner d’un ensemble documentaire. D’abord conçues pour les étudiants en histoire de l’art et archéologie, elles seront ainsi à la disposition des étudiants des autres matières, dans une conception de partage de la culture. »