L’Université de Lorraine vient d’ouvrir son portail HAL, qui rassemble les publications scientifiques de l’université. Suite de nos rencontres avec des utilisateurs, investis dans la démarche de l’open science. Aujourd’hui, Karim Ramdani, chercheur en mathématiques à l’Institut Elie Cartan de Lorraine.
Vous n'avez pas attendu l’ouverture du portail de l’Université de Lorraine pour utiliser HAL. Depuis quand y déposez-vous vos publications ?
Mon premier dépôt remonte à 2009. Depuis 4 ans, j’effectue un dépôt systématique de mes travaux (au format pdf en version auteur) dès la soumission du travail pour publication dans une revue.
Qu'est-ce qui vous a motivé à le faire ?
Une motivation souvent invoquée pour promouvoir les archives ouvertes comme HAL est que cela permet d’accroître la visibilité de ses propres travaux. Mais dans mon domaine de recherche, cet argument ne me paraît pas pertinent. Non… La raison principale pour laquelle je dépose mes travaux dans HAL est que cela contribue à la libre diffusion des connaissances et à retrouver des marges de manœuvre vis-à-vis éditeurs commerciaux. A condition, bien sûr, que ce dépôt concerne le texte intégral des publications et qu’il soit suffisamment généralisé pour atteindre une masse critique.
Quels bénéfices tirez-vous du dépôt de vos travaux sur HAL ?
En tant qu’auteur, cela me permet de donner accès à mes travaux aux chercheurs de mon domaine facilement, gratuitement et de manière pérenne. Et en tant que lecteur, cela me permet d’avoir accès aisément à leurs travaux. Pour ce faire, il me suffit de taper dans Google le titre d’un article pour trouver instantanément le lien HAL vers le pdf du texte intégral recherché.
Cela fait tout de même encore un outil de plus à maîtriser. Cela vous prend-il beaucoup de temps ?
Une utilisation basique de HAL comme pour le dépôt d’un article, nécessite un investissement tout à fait mineur. Une fois qu’on a compris le fonctionnement de l’outil, cela prend moins de 5 minutes.
Etes-vous utilisateur de Research Gate ou Academia ?
Je n’utilise pas Research Gate ou Academia car je n’ai aucune garantie sur la pérennité des documents qui y sont déposés… Sans compter que leur pratique de l’invitation spam est critiquable. Il me semble bien plus sûr de déposer dans HAL.
Un dernier mot sur la démarche open access ?
Le libre accès est né d’une très belle idée ayant comme objectifs de permettre la diffusion des connaissances et de contrer le poids pris par les éditeurs commerciaux. Aujourd’hui, la « mode » de l’open access recouvre le meilleur comme le pire.
Le meilleur, c’est les archives ouvertes - Green Open Access -, à condition qu’elles ne soient pas détournées à des fins d’évaluation bibliométrique simpliste par les institutions, pour compter, classer ou financer. Et les revues en open access sans frais de publications.
Le pire, ce sont les revues auteur-payeur à 2000$ l’article – Gold Open Access avec frais de publications –, lancées ces dernières années par les éditeurs commerciaux et qui montent en puissance. Il est donc primordial que les chercheurs ne se laissent pas abuser par le terme open access et s’interrogent au cas par cas sur ce qu’il recouvre précisément.