Une stratégie vertueuse pour le pôle lorrain des Bio-géosciences

 
Publié le 17/06/2015 - Mis à jour le 27/07/2015

Cette année, les laboratoires du Pôle de recherches OTELo ont décroché des financements européens pour cinq projets. « Je ne m’attendais pas à autant de réponses positives » avoue Lev Filippov, professeur ENSG, responsable de l’équipe GeoRessources « Valorisation des ressources »  impliquée dans quatre de ces projets. Il faut maintenant assurer la gestion de cette réussite. « Ce qui manque en ce moment c’est un ingénieur de projet » constate Lev Filippov qui doit sacrifier une part de son travail scientifique pour des tâches de gestion administrative et financière. Mais, il en est convaincu, le jeu en vaut la chandelle.

Les différents projets visent à extraire des métaux rares, des métaux critiques ou des terres rares à fort potentiel économique en veillant à minimiser l’impact environnemental et à optimiser l’impact social. Pour y parvenir, les porteurs de projets sollicitent des compétences variées. L’existence d’un pôle scientifique consacré aux sciences de la terre leur offre un espace d’échange et de rencontre pour initier leurs collaborations. « Ce qui est important pour les institutions européennes ce ne sont pas de connaître nos laboratoires d’appartenance mais le contexte du pôle Géosciences lorrain et les compétences de ses équipes de recherche » explique Lev Filippov.

« Jusqu’à présent, nous étions soit invités dans un projet par des collègues européens, soit nous étions à l’initiative. Désormais, notre volonté est de constituer une équipe lorraine aux compétences complémentaires pour répondre aux appels » poursuit Lev Filippov, conscient que « le danger serait de ne chercher à répondre qu’à des critères techniques ». Bien que les appels européens soient très exigeants en matière d’impacts socio-économiques, Lev Filippov assure qu’ils n’interdisent pas de poursuivre l’indispensable travail disciplinaire de production de nouveaux savoirs, « par exemple en associant des doctorants ».

Au début d’un projet, nous ne nous connaissons pas bien les uns et les autres. Mais années après années, nous devenons une communauté. A tel point qu’à la fin d’un projet, on est déçu que cela s’arrête.

Progressivement, les chercheurs apprennent à travailler au croisement de multiples compétences et disciplines. Il se révèle alors plus facile de convaincre de financer de nouveaux projets, y compris pour financer des recherches plus exploratoires.

Laure Giamberini, professeur au LIEC « fonctionnement des écosystèmes perturbés », juge que l’appartenance au pôle Bio-Géosciences « favorise le partage de vocabulaire entre les disciplines et le travail avec d’autres réseaux ». « Il y a 25 ans, les gens d’écotoxicologie et de géosciences se bagarraient » se souvient-elle, « aujourd’hui nous travaillons main dans la main ». Pour Guillaume Echevarria, professeur en Génie de l’environnement, « on sent parfois une certaine inertie, mais il y a des gens qui ont déjà intégré cette transversalité, notamment autour de certains outils que l’on partage ». Selon lui, ceux qui acceptent de s’engager dans le travail intensif qu’exigent les appels européens sont sources d’idées neuves :

L’objectif est d’acquérir une expérience collective, ça nous transforme tous. Un des facteurs de réussite c’est l’arrivée de personnes qui n’avaient pas encore cette vision large d’une recherche pluridisciplinaire.