Mise en ligne de « Au fil de l’Alzette, territoires et destins partagés » : fresque numérique interactive transfrontalière

 
Publié le 11/02/2022 - Mis à jour le 24/02/2022

En 2022, la ville d’Esch-sur-Alzette est nommée « Capitale européenne de la Culture ». À cette occasion, l’Institut national de l’audiovisuel (INA), la Drac Grand Est, l’Université de Lorraine et le Centre national de l’audiovisuel du Luxembourg (CNA), s’associent pour proposer au grand public un projet multifacette : « Memories, Images & History accros borders » (Mihab). Le projet, remixant des archives audiovisuelles sur des thématiques transfrontalières, s’articulera autour de plusieurs temps forts dont le premier est la mise en ligne d’une grande fresque numérique.

Accessible depuis le 22 février 2022, la fresque interactive « Au fil de l’Alzette, territoires et destins partagés » propose une visite de ce territoire transfrontalier à travers 150 vidéos d’archives des fonds de l’INA et du CNA, de 1950 à nos jours. Véritables fils rouges de la fresque, cinq parcours thématiques permettent de découvrir les territoires et destins de l’Alzette : Cultures en partage | De part et d’autre de la frontière | Empreintes et territoire frontalier | La mine et la sidérurgie d’hier et d’aujourd’hui | Parcours et destins. Voir le mode d'emploi de cette fresque.

Factuel a souhaité en février  savoir plus en allant à la rencontre de Pierre Morelli, coresponsable de l’équipe Passages au Centre de recherche sur les médiations (Crem), en charge de la coordination scientifique du projet Mihab. Dans cette mission, il est appuyé par un comité scientifique associant deux autres laboratoires de l’Université de Lorraine : le Centre de recherche universitaire lorrain d’histoire (Crulh) et le Centre de recherche en géographie (Loterr) ainsi que des chercheurs luxembourgeois.

Factuel : Pourriez-vous nous en dire davantage sur la genèse de ce projet ?

Pierre Morelli : Le projet est né d’une rencontre au printemps 2019 à Villerupt avec Jacques Deville, directeur du Pôle démocratisation et industries culturelles de la Drac à Metz. Je représentais alors le Crem au sein d’une série d’ateliers participatifs regroupant les acteurs culturels, politiques et scientifiques régionaux afin d’esquisser les contours de la future structure culturelle implantée sur la friche industrielle de Micheville (l’Arche). Au début de l’été, une réunion tripartite s’est tenue sur le campus du Saulcy, puis une autre dans les locaux de la Drac où le principe de collaboration pour la création d’une fresque transfrontalière fut acté. S’en est suivi la création d’un comité scientifique regroupant des enseignant·es-chercheur·es lorrain·es en Sciences de l'information et de la communication, Histoire et Géographie. Ce comité a pris ensuite une dimension transnationale : intégration de deux universitaires luxembourgeois et du Centre national de l’audiovisuel de Dudelange, pendant luxembourgeois de l’INA. Réuni à plusieurs reprises in situ et en visioconférence, le comité scientifique a affiné le projet, défini les parcours thématiques et confié leur responsabilité à des enseignants-chercheurs messins et nancéiens représentant chacune de ces trois disciplines.

Factuel : Comment la fresque s’est-elle constituée et quel a été le rôle du comité scientifique ?

P.M. : Le comité scientifique a défini les grandes lignes du projet, affecté les responsabilités de parcours et constitué le comité éditorial. Il est composé de géographes (Simon Edelblutte, Marie-France Gaunard-Anderson, Gregory Hamez, Christian Wille), d’historiens (François Audigier, Christoph Brüll, Théo Georget, Leonel Noubou-Noumowe, Pascal Raggi) et d’enseignants-chercheurs en Sciences de l’information et de la communication (Jean-François Diana, Sébastien Genvo, Pierre Morelli). Il a également suivi les échanges entre l’équipe projet (INA, Drac, UL) et le comité de sélection qui a validé le projet et lui a attribué le label Esch’22. Le projet a en outre le label « Présidence Française de l’Union Européenne, 2022 ». Résolument interdisciplinaires les contenus pour chaque parcours se sont affinés à force d’échanges et par le visionnage de près de 500 extraits audiovisuels. La sélection s’est effectuée en deux temps. D’abord, une recherche libre à travers l’interface Ina Mediapro de l’INA ce qui a permis d’acter les cinq parcours thématiques. Ensuite, à travers la constitution, par le comité scientifique, d’un corpus de mots clés sur la base duquel les documentalistes de l’INA et du CNA ont identifié près de 500 extraits, qui ont été visionnés puis sélectionnés à l’occasion de cinq séances de travail sur le Campus du Saulcy en avril 2021. La ventilation de la rédaction des notices historiques a ensuite été effectuée. Les textes sont parvenus à l’INA entre juin et novembre 2021. Des navettes entre les auteurs et comité éditorial se sont alors organisées. Une fois les notices stabilisées, les responsables de parcours thématique ont procédé à l’écriture des textes de présentation et à l’articulation de ces textes avec les vidéos inscrites dans le parcours ou issues d’autres parcours voire de la fresque Panorama Grand Est, ce qui renforce la valeur documentaire de la fresque.

Factuel : Le projet s’articulera en plusieurs temps forts. Quels sont-ils et où pourrons-nous y assister ?

P.M. : Pour ancrer le projet dans le territoire, il a été décidé d’aller à la rencontre du public à travers la programmation de trois journées de présentation et débat « grand public » de part et d’autre de la frontière. Les manifestations proposeront des conférences, des tables-rondes et se concluront par la projection d’un video mapping créatif réalisé par des artistes en lien avec la thématique de chaque journée. La créativité des étudiants du master journalisme et du master création de dispositifs ludiques (UL, site de Metz) a été sollicitée pour préparer un Webdocumentaire et un jeu transmédiatique qui seront présentés à l’occasion de trois « temps forts thématiques » :

  • La première rencontre « grand public » (Frontière et réaménagement du territoire) sera organisée par le Loterr à l’Arche de Villerupt le 26 mars 2022.
  • Co-organisée par le Crem, l’INA et le CNA, la deuxième rencontre (Patrimoine audiovisuel partagé et conservation) portera sur les questions culturelles et mémorielles des archives audiovisuelles. Elle se tiendra au CNA à Dudelange le 8 mai 2022.
  • La troisième manifestation (Histoire sociale de la frontière) sera organisée par le Crulh et se tiendra le 2 octobre 2022 à Thil, ville frontalière dont la mine de Tiercelet fut réquisitionnée par l’occupant nazi afin de produire des missiles V1 et des pièces d’avion.

Factuel : « Memories, Images & History accros borders » a lié différentes unités de recherche et masters de l’Université de Lorraine, pouvez-vous nous en dire-plus ?

P.M. : Le regard croisé de géographes, d’historien·es et de chercheur·es en information-communication a grandement facilité la sélection des extraits retenus dans la fresque interactive et la recherche d’auteurs de notices. La dimension interdisciplinaire a joué à tous les niveaux de la conception et de la réalisation. Les questions mémorielles, historiques et territoriales ont fait l’objet d’échanges nourris. Chaque enseignant-chercheur impliqué dans le projet, rédacteur de notice ou de parcours a pu s’investir avec en toile de fond des perspectives d’utilisation de ces ressources à des fins pédagogiques (lien avec ses cours, ressources complémentaires, etc.) ou de recherche (valorisation de productions scientifiques citées en bibliographie, ressources utiles en vue de recherches doctorales ou post-doctorales, etc.). Les actions de communication liées à la fresque ou aux temps forts seront autant d’opportunités pour les trois centres de recherche lorrains (Crem, Crulh, Loterr) de valoriser leur dynamisme et leur savoir-faire.

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