Quel modèle économique et quels modèles de revenus pour l’édition de monographies en Open Access aux Editions de L’Université de Lorraine ?

 
Publié le 8/04/2021 - Mis à jour le 5/01/2023

Cyril Czernielewski, élève conservateur des bibliothèques de l’Ecole Nationale Supérieure des Sciences de l’Information et des Bibliothèques, s’est penché sur la question durant un stage de 4 semaines au sein de la mission d’appui à la recherche de la Direction de la Documentation et de l’Edition de l’Université de Lorraine, en relation avec l’équipe des Editions De l’Université de Lorraine.

A partir d’une revue de la littérature internationale sur le sujet et en choisissant comme grille d’analyse la typologie des modèles de revenus bâtis par Penier, Eve et Grady [1], il a mené une série d’entretiens avec des experts et les responsables de huit maisons d’édition publique en France.

Penier, Eve et Grady ont développé une typologie de modèles de revenus pour l’édition de monographies en Open Access en quatre classes : les modèles de revenus propres, les modèles d’appui institutionnel, les modèles par subvention de tiers et les modèles consortiaux.

On retrouve très largement ces quatre modèles chez les éditeurs publics sollicités. Seules la combinaison et les proportions dans lesquelles ils s’agencent pour former un modèle économique viable diffèrent. Selon les statuts des maisons d’édition, le contexte institutionnel et le cadre de fonctionnement établi par leurs tutelles, les éditeurs déploient des stratégies éditoriales et commerciales qui les amènent à développer telle ou telle combinaison des modèles de revenus suivants :

  • Le modèle de l’hybride imprimé où l’éditeur finance la publication de monographies en Open Access par le produit de la vente de monographies imprimées.
  • Le modèle de l’hybride freemium où l’éditeur finance ses opérations en Open Access par le produit de la redevance que lui verse le diffuseur des monographies de l’éditeur (OpenEdition dans tous les cas rencontrés). Le diffuseur offre l’accès au texte de la monographie en HTML et l’accès payant qui est à l’origine de la redevance dans d’autres formats (Pdf, ePub).
  • Le modèle de l’embargo OA où l’éditeur finance la publication en maintenant pendant une durée déterminée l’accès payant à tous les formats de ses ouvrages sur la plateforme du diffuseur, puis en les rendant disponibles en freemium ou en accès libre.
  • Le modèle de subventions croisées où l’éditeur finance par le produit des ventes d’autres supports que l’imprimé ses opérations en Open Access.
  • Le modèle de subventions d’appui institutionnel où l’éditeur bénéficie d’aides à la publication des laboratoires ou des composantes de la tutelle, de subventions externes à l’établissement, et de la mise à disposition de ressources publiques (emplois et locaux) selon des modalités, en nature ou financières, qui peuvent varier.
  • Le modèle consortial de partage d’infrastructure où l’éditeur bénéficie du partage d’infrastructures techniques et commerciales comme les outils de l’édition structurée Métopes développés par l’infrastructure de recherche éponyme de l’Université de Caen ou la plateforme OpenEdition des laboratoires de recherche du CNRS.

Le modèle économique du projet de refondation des Editions de l’Université de Lorraine (Edul) est, dans le contexte français, innovant :

Le projet des Edul prévoit la diffusion sans embargo des monographies éditées en Open Access, la mise en œuvre de la chaîne d’édition structurée Métopes, la diffusion des monographies chez OpenEdition et le développement de sa propre plateforme de diffusion pour les monographies qui ne seraient pas diffusées par OpenEdition. Au démarrage, le projet pourrait bénéficier de l’appel à projet du Fonds National de la Science Ouverte 2021. A terme, il s’appuiera sur les modèles de revenus les plus fréquents des éditeurs publics français, exceptés ceux de l’embargo OA et des subventions croisées.

Cependant, au regard des entretiens réalisés avec les maisons d’édition publique, le projet de refondation des Edul se distingue de leurs modèles économiques sur deux points : d’abord, la volonté de mettre à disposition immédiate l’ensemble des ouvrages en accès ouvert – seules ENS Editions poursuivent cette ambition ; ensuite, un modèle de revenus original, absent des modèles de revenus recensés, observé par Penier, Eve et Grady dans l’édition publique anglo-saxonne, qui est le modèle de revenus adossé à une bibliothèque et qui se traduit ici par la participation au financement de l’édition en Open Access des Edul grâce aux économies réalisées sur les abonnements Elsevier de la DDE et de sa contribution à la numérisation. 



[1] PENIER, Izabella ; EVE, Paul Martin ; GRADY, Tom. COPIM Revenue Models for Open Access Monographs 2020. En ligne :  COPIM – Revenue Models for Open Access Monographs 2020 | Zenodo