[Alumni-Docteurs UL] Interview de Daniel Arturo Zavala Ortiz, docteur en Procédés Biotechnologiques

 
Publié le 7/12/2020 - Mis à jour le 5/05/2023

A l'occasion du projet de création du réseau de doctorants et Alumni Docteurs de l’Université de Lorraine, nous vous proposons une série de portraits et interviews de doctorants et docteurs. Interview avec Daniel Arturo Zavala Ortiz, enseignant chercheur à l’Institut Technologique de Veracruz (TecNM/Campus Veracruz), Mexique. Docteur 2020 de l’Université de Lorraine et lauréat du programme de bourse d’excellence Eiffel.

Pouvez-vous vous présenter ?

Je m’appelle Daniel Arturo Zavala Ortiz, j'ai 30 ans. Je suis né à Veracruz, au Mexique.

Parlez-nous de votre parcours à l'Université de Lorraine, de votre thèse et de votre candidature au programme Eiffel ?

J'ai fait une cotutelle de thèse entre l’Université de Lorraine et l’Institut Technologique de Veracruz. Je suis resté au total 22 mois en France pendant mon doctorat.

Quand je suis arrivé en France, mon niveau de français était très limité. J’avais le niveau A1 et j’ai eu du mal à comprendre l'accent lorrain. Mais j'ai pris un cours du soir au DEFLE et petit à petit j'ai commencé à être plus à l’aise avec mon français. Petite anecdote : mon voyage vers Nancy fût une sacrée aventure : Veracruz-Mexico en bus (6h), Mexico-Francfort (11h), Francfort- Hann puis direction Luxembourg, Thionville, Metz et enfin Nancy (8h). Je suis arrivé en hiver, à 4h00 du matin et il faisait -10ºC. C’était la première fois que je voyais de la neige, car à Veracruz il fait chaud toute l'année (20ºC en hiver, 40 ºC en été).

Mon sujet de thèse portait sur la surveillance en temps réel de procédés de production de médicaments biologiques. L'objectif a été de développer des algorithmes mathématiques pour utiliser la spectroscopie NIR comme outil qui permet très rapidement de connaître l'état des procédés et faire du contrôle si nécessaire. J’ai effectué cette thèse en France avec des cellules d’animaux produisant des anticorps et au Mexique avec des cellules de plantes produisant des molécules anticancéreuses, mais avec la même approche méthodologique.

Ma thèse est la continuation d'un projet ANR avec le CONACyT (équivalent du CNRS au Mexique) dans lequel j'ai été boursier pour le Master 2 en 2013.

Avoir obtenu une bourse Eiffel a été très compliqué et je ne comprends toujours pas comment j’ai pu l’obtenir : je suis quelqu’un de normal, je n’avais pas l’impression d’être Einstein. C’est une bourse très sélective, il y a énormément de demandeurs de bourse, je crois donc qu’il faut avoir un peu de chance aussi.

A l'époque, les critères de sélection étaient :

1) L’excellence du candidat, telle qu’elle ressort de son parcours universitaire antérieur et pour le doctorat, le caractère innovant de son sujet de recherche

2) L’adéquation entre le profil du candidat et les objectifs scientifiques de sa composante d’accueil d’une part, et l’existence d’une coopération internationale active dans l’établissement d’accueil avec son pays d’origine

3) Les priorités pays définies annuellement par le Ministère Français de l’Europe et des Affaires Etrangères

J'ai rédigé un essai pour expliquer pourquoi j’étais un bon candidat et pourquoi mon projet professionnel aurait un impact positif au Mexique. Je pense que les experts ont bien aimé ma motivation politique et mon parcours académique : j’avais gagné un prix à l'Université de Manchester en Angleterre, un prix national au Mexique, et même un voyage aux États-Unis pour connaître la NASA en Californie.

Quelle est votre fonction actuellement ?

Je suis enseignant chercheur en statistiques et mathématiques à l'Institut technologique de ma ville. Ma mission est d’enseigner comment utiliser les maths et les statistiques pour améliorer les procédés chimiques. J'ai 5 cours et plus de 200 élèves à former, c’est donc un vrai défi pour moi.

Il y avait des postes vacants, j'ai déposé mon dossier et ma candidature a été retenue après avoir fait les tests de contrôle des connaissances. Même si le métier de maître de conférences demande normalement d’avoir une expérience en postdoc, le fait d’avoir été lauréat Eiffel avec une cotutelle de thèse m’ont aidé à décrocher ce poste.

Pourquoi le Mexique ? et avez-vous gardé le contact avec la France ?

Le contrat de cotutelle m’a contraint de retourner au Mexique pour finir le dernier semestre et soutenir ma thèse. Aussi, avec mon bagage intellectuel et mes expériences, je pense pouvoir être plus utile au Mexique afin d’aider mon pays à évoluer. En ce moment avec mes encadrants, on continue les travaux de valorisation de la thèse. Par exemple, nous allons soumettre une 5eme publication, fruit de ma thèse.

Bien sûr je garde le contact avec la France, je vais le faire toute ma vie. Je me suis également fait des amis en France et je compte garder contact avec eux, et les revoir.