3 questions à Guénolé Mathias-Laot, président de la start-up SysArk

 
Publié le 5/04/2019 - Mis à jour le 11/04/2019

Guénolé Mathias-Laot est un ancien soignant, manipulateur en radiologie médicale diplômé d’état.

Il a notamment exercé dans des services de radiothérapie et de médecine nucléaire. Il a également été diplômé d’un Master en Ingénierie Biomédicale de la Faculté de Médecine de Nancy et d’un Master d’Administration des entreprises de l’IAE de Nancy.

Fort du constat que les soignants sont surchargés et encore trop souvent exposés à des risques radiologiques, Guénolé Mathias-Laot s’est questionné sur la manière dont il pourrait améliorer les choses. Aujourd’hui, à travers sa start-up SysArk, il fait le maximum pour aider les patients et les soignants en apportant le meilleur de la technologie au service du monde de la santé. Découvrez son projet…

Pouvez-vous nous parler de votre start-up SysArk ?

SysArk est né du constat inacceptable que des soignants sont encore aujourd’hui obligatoirement soumis à des risques radiologiques non négligeables dans l’exercice normal de leur profession. Ce constat est partagé par les autorités compétentes qui apportent aujourd’hui leur soutien unanime à notre solution robotique.  Le développement technique et industriel a commencé en 2015 grâce au PeeL. Nous avons également intégré l’Incubateur Lorrain dans le cadre du programme « Global Incubation ». Fort de ces deux appuis, nous avons développé des partenariats avec le CHRU de Nancy et le Centre de Recherche en Automatique de Nancy (CRAN). La SATT- SAYENS soutient le projet depuis l’origine. Toutes ces structures sont aujourd’hui des partenaires majeurs de l’entreprise. Nous avons ainsi recruté une équipe de spécialistes pour développer et distribuer le robot. Il est aujourd’hui disponible à la vente et nous sommes en discussions avec plusieurs établissements de santé qui souhaitent s’équiper. L’objectif de l’entreprise est de devenir leader sur la robotisation de la préparation de médicaments radioactifs en Europe.

Pouvez-vous nous décrire la technologie que vous avez mis au point via votre start-up ?

S’équiper d’une telle solution robotique, en première mondiale, représente pour les établissements de santé un vrai bond en avant pour la protection des travailleurs, pour l’efficacité du service, mais aussi pour la sécurité des patients. Notre technologie brevetée permet la manipulation automatique des médicaments radioactifs utilisés dans les services de médecine nucléaire. Aujourd’hui, ces préparations sont manuelles, donc dangereuses pour les travailleurs. Elles restent par ailleurs exposées au risque d’erreur humaine. Concrètement, notre objectif est d’éradiquer le risque pour le travailleur et le patient. Nous réduisons au minimum la manipulation d’outils plombés à bout de bras, source de troubles musculosquelettiques. Nous apportons enfin une traçabilité et un suivi automatisé des préparations aux pharmaciens responsables des laboratoires de préparation. Nous pouvons comparer notre solution robotique à un « Thermomix » de la médecine nucléaire, il assiste le professionnel de santé, en sécurisant les étapes dangereuses, en le délestant des tâches les plus répétitives et chronophages, il permet ainsi au soignant de se consacrer à d’autres tâches.

L’automate que vous avez mis au point est devenu l’objet d’une étude sur les performances d’un robot préparateur de médicaments radioactifs baptisée AUTOTEC. Pouvez-vous nous en dire plus sur cette étude et sur l’impact qu’elle pourrait avoir dans le futur ?

Autotec est une mise en exergue extraordinaire pour la qualité du travail des équipes qui ont porté le projet au CHRU de Nancy avec le soutien de Nancyclotep. En particulier Rachel Grignon, qui a rédigé et portera l’étude clinique. Cette étude est la seule récompensée et financée par le Ministère de la Recherche pour la région Grand Est dans sa catégorie en 2019. Mais c’est aussi la reconnaissance de l’excellence de l’ensemble de la filière nancéienne d’accompagnement à l’entrepreneuriat en appui sur un solide réseau de laboratoires du CNRS et de l’Université de Lorraine.

Saviez-vous qu’un soignant, qui est aussi humain que vous et moi, peut recevoir selon le Code du travail une dose de radioactivité 20 fois supérieure à celle tolérée pour le grand public ? Autotec met en lumière le besoin de protection du professionnel de santé. Le sujet de l’étude, pour une fois, c’est lui, et au regard de l’actualité, il était temps ! Cette étude démontre qu’on peut et qu’on doit faire plus pour protéger les professionnels de santé du risque radioactif. Autotec s’inscrit au bon moment, dans un contexte où l’Autorité de Sureté Nucléaire veut anticiper l’arrivée de nouvelles technologies dans le domaine médical. Autotec va étudier l’impact de la robotisation de la manipulation des médicaments radioactifs sur l’exposition des travailleurs aux rayonnements. Nous visons une réduction drastique de ce risque. Sysark, société française, est fière d’être le fer de lance européen de la modernisation de la radioprotection en médecine nucléaire. Et notre société est née, et conçoit ses robots 100% made in France, à quelques pas de la Place Stanislas, dans cette belle région du Grand Est. In fine, nous aurons changé les choses, quand les patients et professionnels d’un établissement de santé équipé pourront nous dire « merci », de les avoir protégés, « merci » d’avoir contribué à un soin encore plus qualitatif, encore plus humain. Et ce « merci » ira à toutes les personnes, à toutes les institutions qui croient en nous depuis plus de quatre ans.