Peut-on rendre cultivables durablement les sols des friches industrielles ?

 
Publié le 3/06/2014 - Mis à jour le 1/09/2014
Un chercheur soulève le couvercle d'une station lysimétrique.

« Les Technosols évoluent très rapidement dans le temps »

À Homécourt, sur la station expérimentale du Groupement d'Intérêt Scientifique sur les friches industrielles (GISFI), les chercheurs du Laboratoire Sols et Environnement (LSE), avec l'aide de leurs collègues du Centre de Recherches en Automatique de Nancy (CRAN), cherchent à comprendre l'évolution des Technosols pour mieux les requalifier. Ces recherches pourraient permettre de cultiver de la biomasse (chauffage, carburant) sur ces sols en friche, sans empiéter sur des terres agricoles. « Les sols, tels que les friches industrielles, appelés Technosols, qui ont été créés ou fortement altérés par l'homme évoluent très rapidement dans le temps, contrairement aux sols naturels que l'on étudie traditionnellement » explique Geoffroy  Séré, chercheur au LSE. Difficile de prédire si un tel sol pourra accueillir durablement de la végétation... À moins de parvenir à en modéliser l'évolution dans le temps.

Deux laboratoires associés pour exploiter des dizaines de milliers de données

Sur les installations du GISFI, 24 Lysimètres permettent de mesurer la quantité et la qualité de l'eau dans les différentes couches des Technosols, sur deux mètres de profondeur (voir notre reportage photo). C'est une installation presque unique en France. Le LSE dispose déjà des dizaines de milliers de données qui n'étaient pas encore pleinement exploitées. C'est à l'occasion d'une rencontre du groupe interlaboratoire GeoSTIC organisée au sein de l'Université de Lorraine que Sophie Leguédois, elle aussi chercheuse au LSE, a découvert le travail des chercheurs du CRAN. Ces derniers savent transformer en modèles simples les équations complexes qui décrivent l'évolution de grandeurs telles que la concentration en oxygène d'une eau de l'entrée à la sortie d'une station d'épuration. C'est ainsi que le LSE et le CRAN se sont associés pour modéliser l'évolution quantitative et qualitative de l'eau qui traverse un Technosol au fil des ans. De tels modèles doivent permettre de prédire l'évolution future des sols et leur fertilité pour des cultures de biomasse. Avec le développement des surfaces urbaines et la raréfaction des surfaces agricoles, on comprend l'importance d'apprendre comment requalifier durablement les friches industrielles.

Baptisé MOLETTE (MOdélisation de L’hydrodynamique Evolutive Temporelle des TEchnosols), le projet est lauréat de l'appel Projets Exploratoires Premier Soutien (PEPS Mirabelle 2014) organisé par l'Université de Lorraine et le CNRS. Dans un an, s'il aboutit, il pourrait se poursuivre en collaboration avec des laboratoires allemands aux objectifs similaires, dans le cadre d'un projet ANR (Agence Nationale pour la Recherche).